La Doublure

par: Sebastien Keromen



Le Veber nouveau est arrivé ! Roi de la comédie française depuis oh combien d’années, le Francis nous présente une nouvelle déclinaison de François Pignon, avec le visage de Gad Elmaleh. Pour le plaisir de vos zygomatiques…

La Doublure
France, 2006
Réalisateur
 : Francis Veber
Acteurs : Gad Elmaleh, Daniel Auteuil, Alice Taglioni, Kristin Scott Thomas, Richard Berry, Virginie Ledoyen, Dany Boon, Michel Aumont, Michel Jonasz, Karl Lagerfeld
Musique de : Alexandre Desplat
Durée : 1h25

L’histoire
François Pignon est voiturier, et mène une petite vie en partageant un appartement avec son copain Richard. Le hasard fait qu’un riche homme d’affaire va le payer pour s’afficher et même vivre avec sa maîtresse, un top-model célèbre. Ai-je vraiment besoin de lister le nombre de situations qui peuvent découler de ce début ?


La critique


Pourquoi changer une formule qui marche ? C’est ce que doit se dire Veber à chaque nouveau film. Pignon a encore changé de visage pour de nouvelles aventures qui, elles, n’ont pas vraiment changé de ressorts et de ficelles. Mais s’il est vrai que depuis l’inusable Dîner de cons, les films de Veber laissaient un peu à désirer (Le Placard, Tais-toi), ça restait tout de même de bons moments de détente avec pas mal de rire. Et ben là, pareil. La Doublure a beau être percluse de défauts petits ou plus importants, vous allez bien rire pendant une heure et demie. Pas du rire d’anthologie comme Le Dîner de cons, mais du rire franc et bon enfant comme pour ses deux films suivants.
Rire c’est bien, mais une bonne histoire, ça serait mieux. Si le point de départ de La Doublure peut paraître une bonne idée, on se rend vite compte que ça ne peut apporter que des gags lourds et pas drôles, et des péripéties moisies d’avance. Heureusement Veber arrive assez vite à virer vers d’autres enjeux, et certains morceaux de l’histoire, comme le Pignon et le top-model qui plutôt que de multiplier les quiproquos vont devenir plutôt potes et s’entraider. L’histoire générale reste cependant peu convaincante, obliquant sans cesse en perdant de vue où elle va, et multipliant les personnages caricaturaux.


Presque tous les personnages sont trop.
Trop lisse pour Gad Elmaleh, trop bonne copine pour Alice Taglioni, trop discrète pour Virginie Ledoyen, trop relou pour Dany Boon, trop faux derche pour Daniel Auteuil, trop impassible pour Richard Berry, trop beauf pour Patrick Mille. Mais ça ne veut pas dire qu’ils jouent mal, ou que ça gâche le film. On apprécie ainsi la candeur de Gad, l’abattage d’Alice, le charme infini de Virginie, la drôlerie de Dany, le pince-sans-rire de Richard, la joie de jouer le beauf ultime de Patrick. Pour Daniel, vous m’excuserez de ne pas avoir apprécié grand chose, ça fait un bout de temps que je le trouve à côté de la plaque dans ses films. Reste le personnage de Michel Aumont, improbable docteur vieillissant et à la santé déclinante, que ses patients doivent soigner et rassurer. La seule vraie bonne (et nouvelle) idée dans les personnages. Et on n’oubliera pas Kristin Scott Thomas qu’on retrouve comme toujours avec plaisir, pour un personnage également réussi mais qu’on aurait aimé plus présent (ah oui, on n’est jamais content).
Tout est dit. Si vous cherchez juste à passer un bon moment et rire pendant 1h30, vous pouvez faire le déplacement. Si vous espérez un film qui soit un peu plus que juste rire, vous trouverez que si le film ne manque pas de sel, il manque un peu du plat principal à mettre dessous. On peut tout de même y trouver un petit morceau de comédie romantique, malheureusement résolu un peu trop rapidement. L’enthousiasme et le charme des comédiens aideront un peu à faire passer la pilule, mais on peut légitimement passer son tour et considérer que La Doublure occupera parfaitement une soirée télé entre amis. D’un autre côté, le temps passer à voir un film avec Virginie Ledoyen peut-il être vraiment du temps de perdu ?

A voir : pour rire gentiment mais généreusement
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, un bon petit rire vaut mieux que pas de rire du tout

Sébastien Keromen