16 Blocs
16 Blocks
Sortie:
05/04/2006
Pays:
Etats-Unis
Genre:
Durée:
1h42 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

16 Blocs

par: Arnaud Weil-Lancry

L’éternel réalisateur de l’Arme Fatale revient sur le grand écran avec 16 Blocs, polar citadin brutal avec un Bruce Willis plus vieillissant que jamais. Avec ce film plein de maturité, notre vieux routier Richard Donner prouve bien qu’il n’a pas perdu sa verve et son punch d’antan…

L’histoire
Flic de la police de New-York, Jack Mosley est un alcoolique hors classe, genre épave humaine. Lorsque son supérieur lui ordonne de conduire Eddie Bunker au palais de justice à quelques rues de là pour témoigner, il ne se doute pas que son court trajet va se transformer en enfer…

La critique

Baroudeur devant l’éternel…
Richard Donner est un symbole à lui seul. Ce vieux routard des eighties a toujours fait partie de cette catégorie de réalisateurs sans véritable marque de fabrique, sans réelle empreinte, telle que celle d’un Tim Burton ou d’un Spike Lee. Il n’en demeure pas moins que ses films ont souvent fait l’objet d’une franche réussite, L’Arme Fatale et Goonies en sont la preuve flagrante. Réalisateur emblématique de l’époque des meilleurs polars et autre buddy movies jamais accouchés par Hollywood, le réalisateur américain, tout comme ses congénères, attachait une importante sans pareille à créer une atmosphère unique dans ses longs-métrages. Jamais d’effets inutiles ou de scènes trop visuelles, uniquement une tension forte, un rythme captivant, et des dialogues soutenus par des acteurs forts… L’essentiel me direz-vous. Sauf peut-être dans son avant-dernière œuvre, Prisonniers du Temps, film fantastique distrayant mais à peine digne du réalisateur de Superman. 16 Blocs, à la manière de Shane Black’s Kiss Kiss Bang Bang, prouve bien que le polar made in Hollywood n’est pas complètement mort, opposant les vieillissants Bruce Willis et David Morse dans un film empli d’expérience et de maturité.


Frais mais convenu…
Etrangement, 16 Blocs trimbale en permanence un air de déjà vu : un peu de Heat, un peu de Copland, un peu de Dark Blue… Complètement inscrit dans cette veine de films purement citadins tirant à boulets rouges sur une police corrompue et solidaire, ce film d’une heure quarante tire pourtant son épingle du jeu par une distribution parfaitement équilibrée et un réalisateur loin d’être un rookie. En effet, à la manière d’un Michael Mann ou d’un Spike lee, Richard Donner décrit sans pitié une ville rongée par la corruption et le mépris. Ses personnages sont soit des épaves (Bruce Willis), soit des salopards accomplis (David Morse). Cette peinture sans concession, si elle manque d’originalité dans son déroulement, n’est pas l’œuvre d’un débutant, plans et séquences ingénieux se multipliant allègrement, tout comme des dialogues justes et acides. Bruce Willis et David Morse sont logiquement les acteurs majeurs de cette réussite, même si la vedette leur est régulièrement volée par Mos Def, à l’interprétation aussi bien irritante que touchante. Ce pauvre Black paumé affiche un jeu digne face aux deux vieux acteurs précités, leur opposant aussi bien sa jeunesse qu’une candeur maladive. David Morse en symbolise parfaitement l’antithèse, par son accent exacerbé de la solidarité policière (pour ne pas dire plus), et par son sens très particulier de la « justice », une justice à l’image du visuel de 16 Blocs : violente, citadine, dure, crue.

Finalement, on aperçoit peu Bruce Willis ici… Notre éternel John Mc Lane fait preuve d’une belle humilité en s’effaçant régulièrement devant les autres acteurs, créant ainsi l’image d’un film sans acteur principal, mais soutenu par un trio très équilibré. Il symbolise en fait ce qu’on peut tirer de 16 Blocs : une œuvre pas foncièrement originale, mais pleine de maturité et d’expérience…

A voir : pour cette distribution si agréable…
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, petit coup de cœur perso de ce début avril… N’empêche que je ne comprends absolument pas les sites qui ont déchiqueté ce film…