Duelist
Hyeongsa
Sortie:
17/05/2006
Pays:
Corée du S
Genre:
Durée:
1h50 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Duelist

par: Arnaud Weil-Lancry

Duelist, de Lee Myung-Se… Et dire que ce film de sabre en provenance de la Corée du Sud n’est projeté que dans 90 salles… Cela paraît beaucoup, mais pour une œuvre d’une telle poésie, c’est une hérésie…

L’histoire
Dans la Corée du XVIIème siècle, Namsoon, un membre de la police royale, a pour mission d’arrêter un voleur énigmatique, uniquement reconnaissable à son regard mélancolique et à son incroyable maîtrise du sabre…

La critique

Film de sabre et modernité…
La Corée du Sud n’a pas, à proprement parler, de véritable culture du film de sabre. Hormis de rares longs-métrages tels que Fighter in the Wind et quelques films des années 80, les amateurs de wu xia pian (film de sabre chinois) et de chambarra (film de sabre japonais) n’avaient rien à se mettre sous la dent. Peut-être la faute à une société un peu plus jeune, mais surtout à un souhait de clairement se démarquer de ses « ennemis » historiques sino-japonais. En ce sens, Duelist est un film de sabre complètement différent de ses congénères hongkongais, porté par un réalisateur inspiré et une mise en scène résolument moderne. Modernité certainement puisée dans les pages de Damo, son manwha d’origine (bande dessinée coréenne).
Sur la trace de Lee Myung-Se…
A la manière d’un Park Chan-Wook, Lee Myung-Se impose un style aussi bien visuel que musical. Après une première demi-heure catastrophique renvoyant aux pires moments de Volcano High, Duelist affiche rapidement sa dimension romantique et tragique : celle de l’histoire d’amour entre un assassin ténébreux et une femme flic, membre de la police royale. Poursuivant son ennemi au travers d’une histoire plutôt chaotique, cette dernière finit par affronter maintes fois l’ennemi de son cœur. Leurs combats incessants symbolisent toute l’émotivité de cet étrange film de sabre post-moderne dans lequel les combats dignes des plus beaux mythes chinois et un style visuel toujours plus recherché cohabitent. Soignant toujours plus le caractère léché de ses images, Lee Myung-Se pousse encore plus loin l’exploit graphique de son précédent film, Sur la trace du Serpent. Mais si un fort manque de personnalité couplé à une surenchère visuelle avait desservi cette dernière œuvre, Lee Myung-Se ne commet pas la même erreur dans Duelist. Ses personnages sont forts, attachants et charismatiques, à l’image de Sad Eyes, anti-héros mélancolique et taciturne à l’intersection de Kenshin Himura et Aoshi Shinomori, samouraïs du manga Runouni Kenshin.


Inévitablement, Duelist s’embourbe très souvent dans un excès de tous les instants : excès visuel, tambourinage sonore incessant, personnages caricaturaux, scénario sans queue ni tête… Mais, mais… Mais quelle poésie, quelles images, quel romanesque dans une réalisation si stylée et n’ayant rien à envier à Hero ou Le Secret des Poignards Volants. Des combats tels des danses, des affrontements tels des ébats passionnés (mélange de Taoshik, danse traditionnelle, et Zen Sunmudo, technique permettant de contrôler la respiration)… Un film impressionnant et marquant, bien que souvent maladroit, mais plein d’une émotivité tellement… coréenne.

A voir : pour un beau moment de poésie…
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2
Site officiel : Duelist