A scanner darkly
A scanner darkly
Sortie:
13/09/2006
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1h40 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

A scanner darkly

par: Sebastien Keromen



Êtes-vous tombé sur des images ou la bande-annonce de A scanner darkly ? Ce style inédit de dessin animé avec la qualité de dessin et d’animation de prises de vue réelles ? Keanu Reeves a décidément du goût pour les films de SF originaux…

A scanner darkly
Titre original : A scanner darkly
USA, 2006
Réalisateur
 : Richard Linklater
Acteurs : Keanu Reeves, Winona Ryder, Robert Downey Jr., Woody Harrelson, Rory Cochrane
Adapté du livre de Philip K. Dick
Durée : 1h40

L’histoire
Ca va pas être simple à raconter… 2013, une drogue appelée substance M (pour Mort) sévit. Bob Arctor, agent d’une organisation pas bien déterminée, et sous couvert d’anonymat grâce à une combinaison qui prend l’apparence de multiples personnes chaque seconde, cherche à remonter la filière, en surveillant, euh… sa maison et lui-même en particulier. Et puis des fois il y a des insectes. Et puis la seule chose que j’aie comprise c’est la fin mais je ne vais pas vous la raconter…


La critique


Je suis toujours preneur d’un film à la personnalité forte. Aussi, dès les premières images de A scanner darkly, j’attendais impatiemment de voir ce que réservait un film à l’aspect si original, si prometteur. Plus dure a été la chute. Tout d’abord, parlons de l’aspect graphique. Ces prises de vues réelles retravaillées à l’ordinateur pour avoir l’air d’un super dessin animé. Le résultat est finalement mitigé : si l’aspect est très original et assez souvent convaincant, l’animation fait parfois varier de façon trop importante des zones sombres ou claires, gâchant l’effet et gênant la fluidité de la narration en nous sortant du film. L’intégration des décors pose parfois aussi problème, quand des objets posés sur une table ne bougent pas en même temps que la table, et semblent pris de télékinésie, dommage. C’est parfois aussi assez peu esthétique, les visages particulièrement ressemblent souvent à des caricatures, et, pire, ne se ressemblent pas eux-mêmes d’une image sur l’autre (toujours les variations trop importantes des ombres).
Mais ce traitement graphique a eu un effet pernicieux inattendu : le jeu des acteurs. Consciemment ou inconsciemment, pour que l’image retravaillée continue à charrier leur jeu et leurs expressions, ils les ont accentués à l’extrême, dans un grand jeu de grimaces. Si Keanu Reeves et Winona Ryder évitent à peu près le piège, Robert Downey Jr. nous livre une de ses pires prestations, comme Woody Harrelson et Rory Cochrane. Comme des mecs qui essaieraient d’avoir des expressions même derrière un masque opaque, quitte à distordre le visage à l’extrême (et ça s’entend bien sûr dans leur diction). Ça aurait déjà suffit à plomber le film, mais ce n’est pas tout.


Vraiment, le scénario c’est du Philip K. Dick ?
Ça devait être la même période que celle où il a écrit Paycheck (qui a donné lieu au misérable film du même nom). Parce que c’est pas pour dire, mais ce qui est obscur, c’est pas le scanner, c’est l’histoire. Même si on comprend les grandes lignes et le pourquoi général à la fin, pendant le film on est pas mal largué. La faute à des choses pas très éclaircies, des personnages dont on ne comprend pas trop quel est leur rôle (dans la vie et dans l’histoire), et un goût du bizarre assez hermétique, auxquels ajouter des dialogues assez abscons et qu’on n’est jamais sûr de devoir prendre au premier ou au deuxième degré. A propos des dialogues, soyez prévenus qu’il y en a vraiment plein, ça n’arrête pas, tout le monde discute à tort et à travers avec tout le monde, pour faire avancer l’histoire parfois, ou juste pour déconner, ou pour balancer des phrases pas très claires qui finissent de perdre le spectateur.
Bon, pas la peine de palabrer pendant encore des paragraphes, vous avez compris que le film ne m’a absolument pas plu. Paumé dans un scénario dont on est incapable de comprendre dans quel sens il avance, noyé sous les dialogues lourdingues ou cryptiques, aveuglé par des images fuyantes qui ne tiennent pas leur promesse, écœuré par le jeu outrancier de la moitié du casting, le spectateur attend impatiemment que tout se termine, ce qui lui semblera bien plus que les 1h40 théoriques du film.

A voir : par curiosité et par erreur
Le score presque objectif : 5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -1, l’effort d’originalité ne vaut pas de se payer ce pensum

Sébastien Keromen