Le film était presque magique... L’œuvre de Neil Burger accuse divers défauts regrettables : incohérences dans la trame, irrégularité scénaristique, déséquilibre de certains personnages (notamment Jessica Biel), inutile et inévitablement exaspérant twist final… Et pourtant, la partition de Philip Glass lui permet d’atteindre un niveau de qualité inespéré, portant en elle toute la quintessence mystérieuse de
L’Illusionnist, mais aussi sa puissance émotionnelle et introspective. Introspection car même si ce n‘est en réalité nullement le cas, certaines pistes telles que
Orange Tree ou
Eisenheim disappears donnent complètement l’illusion d’une plongée au cœur de l’âme de ce magicien incroyable qui jongle aussi bien avec l’obscurantisme de ses semblables qu’avec la magie la plus fantastique. L’autre artisan de la magie de ce film tient bien sûr à la présence d’Edward Norton dans le rôle du magicien Eisenheim, dont les tours flirtent avec les frontières du bon sens. L’interprète de
Tyler Durden balade sans sourciller son air de chien battu à la recherche de son amour perdu, son regard hagard et fatigué, sa défroque amaigrie et torturée, mais inévitablement romantique. A ses côtés on retrouve des acteurs rares mais extrêmement précieux : Jessica Biel, dont l’utilisation scénaristique est plus que douteuse, le flegmatique Paul Giamatti, et l'énigmatique Rufus Sewell, absolument méconnaissable dans le rôle haïssable du prince héritier Léopold.
Malgré toutes ces qualités artistiques et techniques,
L’Illusionniste a du mal à convaincre, laissant une forte sensation d’inachevé, mais aussi de vide, comme si le second film de Neil Burger existait un peu pour rien… Pour une beauté plastique, certes, mais aussi (malheureusement) pour un scénario peu accrocheur et une trame inégale flirtant avec une invraisemblance trop incohérente dans ses dernières minutes. Toutefois, on aurait tort de bouder ce petit film romantique et fantastique qui vaut impérativement la peine d’être visionné pour son ambiance résolument unique.
Verdict : 7/10
Grandement aidé par une partition musicale prégnante et une atmosphère unique, L’Illusionniste n’est pourtant pas une réussite complète. Quel dommage que Neil Burger soit passé si près du chef d’œuvre… Mais s’agissant d’un second film, on lui concèdera sans problème ce faux pas plus inhérent à des écarts scénaristiques qu’à de réelles maladresses…
Site officiel : L'Illusionniste