Shinobi
Sortie:
17/05/2007
Pays:
Japon
Genre:
Durée:
1h45 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Shinobi

par: Arnaud Weil-Lancry

Un film de shinobi adapté de l’œuvre de Futaro Yamada devrait être un pur bonheur, une œuvre jouissive et palpitante de bout en bout… Et bien non… Quel pétard mouillé de la part de Ten Shimoyama…

L’histoire
Au début du 16ème siècle, le japon est enfin unifié et est dirigé par le premier Shogun du pays, Ieyasu Tokugawa. Afin d’en finir définitivement avec le chaos, le fondateur du shogunat des Tokugawa décide de d’obliger les clans Iga et Koga à désigner leurs 5 meilleurs combattants qui devront s’affronter pour désigner l’héritier du royaume. Une terrible situation pour les héritiers des clans, Oboro et Gennosuke, qui devront choisir entre l’amour et l’honneur de leur clan…

La critique

Nada…
On ne peux pas dire que les assassins de l’ombre, les shinobis (ou ninjas) aient franchement eu les honneurs du grand écran. Hormis des incursions dans les années 80 avec les séries des American Warrior, leurs apparitions ont été épistolaires. Une raison de plus pour attendre de pied ferme ce Shinobi, adaptaté du roman Koga Ninpo-cho par Futaro Yamada. Cette œuvre, sur fond d’histoire romanesque à la Roméo et Juliette, raconte l’opposition de deux clans de shinobis, les clans Iga et Koga. A noter que le film a été majoritairement produit par des particulers et que c'est Kaze, le célèbre éditeur d'oeuvres d'animation japonaise, qui a acquis les droits de l'oeuvre, qui est d'ailleurs son premier film.
Le ton choisi par Ten Shimoyama est assez libre, oscillant entre le souhait d’une virtuosité visuelle dans la lignée des derniers blockbusters de Hong-Kong tels que Hero, et une histoire d’amour impossible sur fond de thématique historique. Si l’on peut saluer une photo pas désagréable et un scénario passionnant à la base, le réalisateur de St John’s Wort échoue complètement à transformer son second film en une épopée splendide et onirique…



Ce n’est franchement pas très beau…
C’est le gros problème de Shinobi. Le rendu visuel, loin d’être satisfaisant, baigne dans le cheap le plus complet et donne en permanence l’impression d’un téléfilm mal gaulé. Quelques beaux plans surviennent de temps en temps, mais leur incorporation relève de l’amateurisme doublé d’un certain dilettantisme. Le rythme est correctement géré dans son alternance combat/romance, mais la dimension chambara est plutôt mise à la trappe. Les combats sont un peu trop vite expédiés mais de toute façon, on a énormément de mal à s’y intéresser. La dernière demi-heure est d’une toute autre qualité et relève grandement le niveau du film sans le rendre attachant d’aucune manière. Dans un esprit un peu similaire, on préfèrera largement Duelist, le film coréen de Myung-Se sorti sur les écrans en 2006.

Et malheureusement le film cumule les gageures… L’attrait principal du film, les duels entre les dix ninjas est complètement passé à la trappe, ces affrontements ne révélant guère de surprise. Entre un personnage directement pompé chez Hokuto no Ken et un autre déjà utilisé avec plus de tact par Yoshiaki Kawajiri et son Ninja Scroll (Kagero, la femme-poison), on ne quitte pas le sentiment de déjà-vu. La plus grande déception provient de la vacuité de la bande originale par Tarô Iwashiro, compositeur japonais connu en occident pour son travail musical sur Memories of murder et surtout l’inoubliable score du film Runouni Kenshin : Ishin Shishi no Requiem.
Finalement, le seul mérite de Shinobi est de rappeler combien les œuvres originales (notamment les mangas) peuvent être plus intéressantes que leur adaptation. Ceux qui souhaitent se plonger dans l’univers du chambara peuvent tout aussi bien se replonger dans le manga Runouni Kenshin ou Vagabond (tiré de l’euvre de Eiji Yoshikawa) et ceux qui recherchent une meilleure transposition de l’œuvre de Futaro Yamada se jetteront sur le manga Basilisk (par Masaki Segawa et Futaro Yamada), d’une fidélité autre et d’une réussite visuelle comme scénaristique sans comparaison aucune…
 
Verdict : 6/10
Malgré quelques belles scènes, Shinobi est longuet et laborieux. Son aspect cheap enfonce définitivement le clou pour une sacrée mise à l’écart. A proscrire.
Site : Shinobi