Doom
Sortie:
16/11/2005
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1H44 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Doom

par: Geoffrey Morlet



Avant d’avoir les faveurs d’une sortie au cinéma, Doom connut d’abord la ferveur des gamers du monde entier. Autant de spectateurs potentiels pour un pur film d’exploitation à venir, dont la principale gageure scénaristique était de rassembler et satisfaire fans et non fans… A l’arrivée, et contre toute attente, un film généreux et décomplexé, d’autant plus appréciable le cerveau mis sur off…

L’histoireLe contact avec le complexe scientifique Olduvai basé sur Mars est coupé. Des événements étranges et pour le moins inquiétants en seraient à l’origine. Le niveau d’alerte est lancé, un commando d’élite est dépêché sur les lieux afin de rétablir la situation. Mais, savent-ils  seulement ce qui les attend...


La critique

Comme une impression de déjà vu

Après Resident Evil et avant Silent Hill, c’est au tour d’un autre jeu vidéo culte (notez d’ailleurs que tous les jeux transposés au cinéma sont systématiquement honorés du label « culte ») d’investir nos écrans fébriles. Pourquoi une telle appréhension ?  Tout simplement parce que sur le plan artistique, cette récupération bien opportune des plus grands succès vidéoludiques n’a que très rarement débouché sur de franches réussites cinématographiques. Et autant le dire tout de suite, Doom ne déroge pas à cette règle immuable, plus particulièrement dans sa première partie. L’autre donnée à prendre en compte réside dans le matériau d’origine du film, soit le jeu bourrin par excellence, Doom, qui n’a pas oublié au passage d’être terrifiant grâce à son atmosphère oppressante. Voilà le genre de compromis difficile à tenir sur un film de deux heures. Défi, vous avez dit défi !

Andrzej Bartkowia, qui, il s’en est fallu de peu, aurait presque réussi à nous « vandammiser » Jet Li avec successivement Roméo doit mourir puis En sursis, perd une nouvelle fois l’occasion de nous surprendre par son originalité. Le réalisateur polonais balise abusivement son film de repères cinématographiques. Le canevas de départ du commando chargé d’éliminer une menace non identifiée en milieu hostile reprend le schéma vu maintes et maintes fois dans Alien, le retour ou  Predator (pour n’en citer que les plus emblématiques du genre). Une recette éprouvée qui sera déclinée jusque dans la caractérisation des personnages. Parmi eux, on sera content (ou moins content) de retrouver : le rédempteur armé de son fusil mitrailleur purificateur, le cinglé de service qui a toujours un peu d’extas sur lui (forcément !), le bleu apeuré qui sert de chair à canon (« va voir, j’ai entendu un bruit »)…Bref, rien de nouveau sous le soleil de l’enfer, sinon un sentiment vague et diffus, qui s’appelle l’ennui. Du moins pour l’instant.


Des monstres et des flingues

Pourtant, cette critique faite du déficit d’originalité ne tient pas la route très longtemps, a fortiori concernant une série B répondant aux diktats du film de genre et à ses codes bien spécifiques. Et de ce point de vue, Doom constitue une honnête réussite. La deuxième partie du métrage est d’ailleurs particulièrement jouissive. Le bestiaire, sans être pléthorique (budget oblige !), est suffisamment convaincant et varié pour contenter le plus grand nombre. Et, ô surprise, on finirait presque par sursauter de l’apparition de ces monstres horribles, le réalisateur polonais ayant, semble-t-il, réussi à tirer, là, son épingle du jeu…vidéo bien sûr.

En bon film décérébré qu’il est, Doom n’est pas en reste non plus en matière d’action. Si l’on objectera facilement sur l’utilisation redondante d’une musique hard rock à moitié raté (composé par Clint Mansell, déjà plus inspiré sur Requiem for a dream), on se contentera du reste. C’est-à-dire d’une réalisation consciente de ses limites esthétiques évidentes, préférant ainsi privilégier la quantité à la qualité. Une générosité qui culminera dans une séquence en vue subjective totalement décomplexée dans son esprit et presque déraisonnable dans sa durée. Tout le film se ramasse dans cette séquence hautement régressive, qui vient parachever Doom en une arme de distraction massive jubilatoire, bien inoffensive celle-là, dont les seules retombées seront, à n’en pas douter, financières.

 

A voir : pour ne penser à rien, mais alors rien du tout

Le score presque objectif : 6,5Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, pour la très « groovy » séquence en vue subjective...