Lady Vengeance
Sympathy for Lady Vengeance Chinjulhan geomjasshi
Sortie:
16/11/2005
Pays:
Corée du S
Genre:
Durée:
1h55 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Lady Vengeance

par: Arnaud Weil-Lancry

Dernier volet d’une trilogie sur la vengeance, Lady Vengeance, du coréen Park Chan-wook clôt en beauté une série éprouvante. Avec Lee Yeong-Ae et Choi Min-Sik.

L’histoire
Geum-jà, une jolie jeune femme, se retrouve accusée de l’enlèvement et du meurtre d’un petit garçon de 5 ans. Condamnée par la société, les journalistes, et la justice, elle passe une durée importante de sa vie en prison. A sa sortie, 13 ans après, elle met en application son plan ruminé depuis si longtemps : se venger de son professeur…

La critique

Symphonie pour une tueuse…
Cinéaste de l’extrême, Park Chan-wook s’est rapidement imposé comme un acteur majeur du cinéma contemporain sud-coréen. Génie visuel hors-norme, sa première révélation, JSA (drame magnifique sur les relations entre les deux Corées) a marqué le box-office, tout comme les esprits. Par la suite, il s’est attelé à diverses œuvres liées à la haine et la vengeance, avec Sympathy for Mr Vengeance et l’éprouvant Oldboy. Cette dernière œuvre, quasi-insoutenable, allait déjà très loin dans une horreur aussi bien graphique que scénaristique. Dans un tel contexte, était-il nécessaire et/ou raisonnable de poursuivre une série auto-proclamée de la haine ?
Si l’annonce de la sortie de Lady Vengeance laissait présager quelque doute, les faits démentirent vite le contraire. Lady Vengeance n’innove et ne surprend nullement et au contraire, enfonce la porte laissée ouverte par Old Boy. Alors pour quelle raison se sent-on si mal pendant et (longtemps) après la projection ? Parce que l’on se retrouve encore face à un grand film.
La beauté de l'horreur...
Fort d’une patte visuelle éprouvée, Lady Vengeance affiche clairement sa parenté avec Old Boy. En effet, l’empreinte artistique du premier film paraît déteindre sur l’autre : plans léchés, photo soignée, musique envoûtante au possible. Une telle richesse visuelle laisse pantois, une telle poésie artistique, encore plus. Comment mêler cette beauté à la mort, à la violence, au sang, à la pédophilie ? Seul Park Chan-wook et quelques autres cinéastes de l’extrême orient détiennent ce secret.
Ainsi, le réalisateur joue sans vergogne avec nos nerfs en osant successivement nous faire rire et pleurer dans des situations qui ne s’y prêtent nullement. Le spectateur en culpabilise toujours plus à cause de la position de voyeur que le réalisateur coréen le force à adopter. Le malaise n’en est que plus grand face aux sentiments de compassion délibérée qu’on en vient à ressentir aussi bien pour les victimes que pour les bourreaux. Les visages angéliques de Choi Min-Sik et Lee Yeong-Ae ne font qu’accentuer cette tendance. Et face aux souffrances de chacun, difficile de juger, impossible de condamner… On demeure éternellement spectateur de ces douleurs pour lesquelles on ne peut prendre parti, mais que finalement on partage complètement. On en ressort éprouvé, écoeuré, les tripes à l’air.
Accessoire indispensable à cette féerie visuelle, la partition musicale est signée Yeong-wook Yo, déjà à l’œuvre sur Old Boy. La bande originale est magnifique et se laisse réécouter sans fin, l’usage permanent des cordes (chères au réalisateur) amplifiant considérablement l’effet dramatique.

Old Boy était déjà allé tellement loin que Lady Vengeance pouvait être déclaré hors-jeu. Mais Park Chan-wook a su créer une œuvre indépendante et tout aussi réussie malgré diverses maladresses ici ou là. Son film aurait pu être diminué de quelques passages longuets ou inutiles à l’image des dernières minutes, à mes yeux ridicules…
Œuvre à voir donc, mais à visionner toutefois les dents bien serrées…

Le score presque objectif : 8/10
Mon score perso (de -3 à +3) : +3, moi j’adore, mais à déconseiller aux âmes sensibles…
Vous pouvez trouver la bande originale sur le Net ou dans des magasins spécialisés. Certaines boutiques sans scrupule osent la proposer à 30 euros alors que vous pouvez la trouver pour un grand maximum de 20 euros (fdp inclus)