Walk the line
Sortie:
15/02/2006
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2H14 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Walk the line

par: Geoffrey Morlet



Johnny Cash est mort depuis peu. Qu’on se rassure, L’Homme en noir est ressuscité aujourd’hui. Alléluia…ou presque puisque sa réapparition n’est que cinématographique, mais dans un film ô combien estimable. Love, drugs and rock’n’roll…

L’histoire
L’itinéraire d’un des plus brillants auteur-compositeur-interprète de l’histoire du rock, Johnny Cash. De son enfance difficile à son premier contrat signé chez Sun Record jusqu’à ce concert désormais mythique donné à la prison de Folsom en 1968.


La critique

Pronostic
James Mangold le voulait son film sur Johnny Cash. Dix ans pour mener à terme un projet qu’il aura largement eu le temps de mûrir, aidé en cela par l’apport non négligeable de l’Homme en noir himself. C’est lui-même qui avait cru bon de caster Joaquin Phoenix, et il faut croire que le chanteur aurait pu devenir un très bon directeur de casting tant son choix s’avère judicieux. L’acteur l’aura son oscar, c’est sûr. Ne serait-ce déjà pour sa prestation littéralement habitée, mais aussi parce que l’aura du chanteur est telle outre-atlantique, que récompenser l’acteur reviendrait en même temps à rendre un ultime hommage à l’homme aux 1500 chansons et 500 albums.

Un grand acteur
Par son interprétation subtile, Joaquin Phoenix parvient non seulement à se réapproprier une institution (en cela, le défi était plus relevé que pour Ray) ; mais il arrive aussi à insuffler toute l’humanité nécessaire, indispensable pour appréhender la part à la fois sombre et humaine de Johnny Cash. Il y a une scène par exemple, anodine en apparence, lorsque Cash passe sa première audition à Memphis la trouille au ventre. Après une première chanson mal interprétée qui n’était pas de son crû, le patron de Sun Record lui accorde aussitôt une deuxième et ultime chance. Et c’est là que Joaquin Phoenix est vraiment formidable, rien qu’à son expression, on sent monter avec force et intensité l’assurance d’un homme qui aura jusque-là douté de ses propres capacités. Avec un certain recul, on croirait même voir un jeune puçeau en train de se faire déniaiser ! Cette théorie n’est pas si fumeuse que ça, puisque la scène suivante semble accréditer cette lecture. C’est dire si l’interprétation est subtile donc !


Une belle histoire d’amour
Walk the line s’intéresse plus particulièrement à la relation Johnny Cash / June Carter. Cette dernière est interprétée par Reese Witherspoon, qui arrive à nous faire oublier cette immonde cruche qu’elle jouait dans La revanche d’une blonde. L’amour obsessionnelle de Cash pour Carter remonte à loin, le film nous le montre très bien. On peut trouver cette histoire d’amour consensuelle, il n’en n’est rien pourtant. L’amour indéfectible de Johnny Cash pour sa duettiste rigolote le sauvera de la déchéance qui lui semblait à un moment promise, celle de l’enfer des amphétamines noyées dans l’alcool. Et là aussi, on peut trouver l’histoire du type sauvé par l’amour convenue, sauf que là c’est authentiquement authentique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si dans les faits, Johnny Cash est mort tout juste trois mois après le décès de sa chère et tendre.

Une biographie fidèle
La réalisation de James Mangold reste de facture classique, relayée en cela par un scénario respectueux et pudique. Cette approche se veut en totale adéquation avec le sujet traité. A ce titre, le portrait est exemplaire par sa fidélité, Cash étant lui-même à la fois modeste et hypersensible. En revanche, le film passe rapidement sur la dimension sociale de l’homme, à savoir son côté à la fois rebelle et patriote, mais c’est pas bien grave.
Enfin, Walk the line constitue l’opportunité de découvrir ou redécouvrir une figure légendaire du rock (et tous ses styles apparentés folk, blues, country, gospel), et surtout ce son inimitable, régulier comme un train et tranchant comme une lame.

 

A voir : et à écouter
Le score super subjectif : 9/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, le film plaira autant aux fans du « Man in black » qu’aux autres. Alors les autres, vous savez ce qu’il vous reste à faire…