13 tzameti
13 tzameti
Sortie:
08/02/2006
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h33 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

13 tzameti

par: Arnaud Weil-Lancry



Ovni bizarroïde dans le paysage cinématographique français, 13 Tzameti débarque précédé d’une réputation solide et d’une bande annonce des plus inhabituelles. Pourtant, le film de Gela Babluani, s’il est original, manifeste tout de même bien des difficultés pour accrocher ses spectateurs…

L’histoire
Ouvrier dans une maison, Sébastien, 22 ans, répare un toit. Lorsque l’occupant de cette bicoque meurt, le jeune homme récupère une lettre destinée au défunt. Il décide alors de suivre les instructions du courrier… A ses risques et périls...

La critique

Particulièrement proche du cinéma expérimental, 13 Tzameti donne la singulière impression d’un film de frappé du ciboulot. Son atmosphère kafkaïenne à la Georges Simenon est des plus troublantes et mérite le détour par son aptitude à immerger presque immédiatement le spectateur dans une œuvre troublante et malsaine, dont les enjeux se limiteront à une course à la mort à la Marche ou crève, directement puisée dans certains bouquins de Stephen King.

Pourtant, tout dans ce film français de l’étrange fascine et intrigue : sa mise en scène précaire au possible, ses acteurs naturels comme des condamnés à mort (c’est le mot !), son cheminement d’un jeu mortel inéluctable vers une issue imprévisible et déroutante… Tout est tellement décalé et en marge dans ce premier petit film original que tout impact en est notablement écarté. Le spectateur, bien qu’excité par ces jeux d’une autre époque, rentre difficilement dans ce film glauque et morbide, ne demeurant finalement qu’un simple hère regardant passer des trains. Les thématiques abordées demeurent toutefois prenantes avec cette mise à mort systématique de ses protagonistes et cette propension écoeurante propre à certains pourris à se délecter de la misère des autres. Logiquement, le message est sans équivoque et laisse aussi bien choqué que hagard, mettant le spectateur face à certains comportements particulièrement prévisibles et néanmoins complètement humains.

Au-delà de ses thèmes humains abordés avec beaucoup d’élégance, Gela Babluani imprime à 13 Tzameti une dimension de suspense qui a le mérite de tenir son spectateur si ce n’est en haleine, au moins attentif jusqu’au bout. Toutefois, malgré des qualités indéniables, son film dépasse rarement le cadre du film fataliste et décalé et finalement ne marque que trop peu son auditoire. Enfin, c’est sans surprise que l’on apprend l’affection du jeune réalisateur pour les films muets en noirs et blancs issus du septième art soviétique. De cette petite œuvre cinématographique plutôt remarquable dans son style et son genre, on regrettera une envergure un peu plate qui donne à 13 Tzameti l’officieux statut de téléfilm du bizarre… Dommage car il est pourtant projeté au cinéma.

Le score presque objectif : 6/10, pour un style assez original
Mon score perso (de -3 à +3): +1, un petit salut uniquement pour sa touche de bizarrerie