Critique subjective réalisée par Guillaume Simon.
L'histoire
Héros de la guerre de sécession, le capitaine Nathan Algreen est tiré de son quotidien alcoolisé par une ancienne connaissance qui lui transmet un nouveau travail : enseigner aux Japonais l’art du combat afin d’en finir avec les samouraïs. Capturé par ces derniers au terme d’un combat aussi précipité que suicidaire, il va faire la connaissance, d’abord en tant que prisonnier puis en tant qu’allié, de ce mode de vie basé sur le respect.
Critique
C’est un fait, Tom Cruise recherche la reconnaissance. Certainement pas celle du public car, depuis Eyes Wide Shut, aucun de ses films n’est passé sous la barre des 100 millions de dollars (mis à part Eyes Wide Shut, justement, et Magnolia où il ne jouait qu’un rôle secondaire). Non, la reconnaissance à laquelle il aspire est celle de ses pairs. Passer du statut de jeune premier (image qui continue de lui coller à la peau) à celui d’acteur au talent reconnu de tous. Après le film de Kubrick, il enchaîne donc en priorité les rôles plus sérieux (finis les Jerry Maguire et autres Cocktail). Mais, qu’il joue un flic du futur dans le très bon Minority report ou un golden boy défiguré dans Vanilla sky, les récompenses tardent toujours à arriver, on le critique pour son jeu mono expressif ou son obsession de figurer dans les moindres plans. Le dernier Samouraï suit cette optique et Cruise s’offre à lui-même, en tant que producteur, un rôle populaire dans la lignée de celui de Kevin Costner dans Danse avec les loups, un film d’aventure à tendances historiques taillé sur mesure pour plaire à l’académie des oscars.
Maître de la production, Cruise porte, comme toujours, une attention toute particulière à son propre traitement. On peut contester la pratique, mais on ne peut pas vraiment la lui reprocher. Revers de la médaille, les autres personnages en pâtissent. L'omniprésence de Cruise provoque ainsi des personnages secondaires parfois sans la moindre saveur ou psychologie. Cette fois, Cruise veut une vitrine à son talent mais aussi un grand film, il confie donc les rennes du film à un réalisateur expérimenté qui saura donner au film l'équilibre adéquat. Il choisit Edward Zwick, réalisateur talentueux de Glory (où il dirigeait un autre jeunot, Mattew Broderick). Le dernier Samouraï est donc un film dans la grande tradition des reconstitutions historiques surfant sur la popularité toute nouvellement acquise des films asiatiques.
Nathan Algreen est un soldat blasé et alcoolique hanté par les horreurs qu’il a commis face aux indiens lors de la conquête de l’Amérique. Pour lui, tuer un ennemi ou un autre revient au même, de toutes façon il est damné. Quand il se fait capturer par ses nouveaux adversaires, les Samouraïs menés par le charismatique Katsumoto, il découvre des traditions et un mode de vie qui vont le faire changer de camp. Du déjà vu ? Plutôt en effet, le canevas du scénario est calqué sur celui du célèbre (et primé) film de Kevin Costner. L'histoire n'en est pas renouvelée pour un sou, on trouvera en effet strictement le même schéma narratif, à quelques rares exceptions (de toutes manières peu importantes) près. Manque d'imagination ? Recours à la facilité ? Volonté de suivre un chemin balisé qui à déjà conduit au succès ? De toutes les manières le film reste ce qu'il est, hautement prévisible et téléphoné.
En effet, les points forts, c’est ailleurs qu’il faut les chercher. Dans la qualité de la reconstitution tout d’abord. Les décors sont tout simplement somptueux, tout comme les costumes. Plastiquement, le film ne souffre d’aucun défaut et l'argent dépensé se voit bel et bien à l'écran et n'a pas entièrement disparu dans le cachet de son acteur-star. La beauté des paysages compte également pour beaucoup dans la réussite du film. Les acteurs, dans l’ensemble, s’en sortent tous bien. Tom Cruise tout d’abord, souvent critiqué pour son statisme est ici tout à fait crédible, bien que se réservant l'avant plan dans la plupart des scènes. Ken Watanabee est parfait dans le rôle du charismatique leader des Samouraïs. En revanche, on se demande pourquoi Timothy Spall a été utilisé de la sorte, en tant que faire valoir comique… décision assez incompréhensible pour un film qui se voulait "sérieux" qui va même jusqu'à plaisanter sur l'actuel (eh oui...) président américain par des voies à peine détournées. Les scènes de batailles sont, elles, aussi intenses que brèves. Elles n'excèdent en effet que peu souvent les 5 minutes mais sont le reflet d'un joli travail au niveau de la mise en scènes. A la fois esthétiques et sauvages elles ponctuent le film suffisamment régulièrement pour raviver l'intérêt baissant entre les nombreuses autres scènes, cette fois d'exposition.
Au final, le film est une belle réussite. Dans la lignée du film historique à tendance écolo et humaniste, il fait même partie des meilleurs depuis longtemps… depuis Danse avec les loups d’ailleurs. Son aspect prévisible est un peu décevant mais absolument pas rédhibitoire. On reste happé par l'ambiance et la qualité de la reconstitution. Même si ce n'est toujours pas le film qui à donné la récompense suprême à Cruise, il constitue un nouveau film de qualité à rajouter dans sa filmo qui est beaucoup plus respectable que certains le disent.
En conclusion
Réussite artistique indéniable, Le dernier Samouraï est un film utilisant des recettes archi-connues mais qui fonctionnent toujours aussi bien. Ambitieux tant dans ses décors que dans sa réalisation, il permet aussi de voir un Tom Cruise au meilleur de sa forme bien entouré par une équipe d’acteur tout aussi motivés.