Le petit village suédois Hesjövallen est le théâtre de ce qui est très certainement le plus horrible homicide connu dans les environs : (1 chien et) 19 personnes ont été assassinées selon un mode opératoire sanglant identique (usage d'une arme blanche). La Police, effectuant d'importantes recherches sur ce malheureux et mystérieux évènement, suspecte un habitant du hameau dont d'accablantes preuves et un passif violent le désignent d'office comme le coupable idéal.
Brigitta Roslin est Juge au Tribunal de Stockholm et accessoirement la fille de la fille adoptive d'un des couples massacrés. Elle aimerait obtenir des réponses mais le rythme, les méthodes et le compte-rendu officiel finiront par lui faire explorer d'autres pistes de son côté.
Elle découvrira de fil en aiguilles un sinistre chapitre du passé de la famille Andrén qu'elle aura bien du mal à oublier.
DON’T MESS WITH THE CHINESE
Est-il présomptueux de croire que la série à succès du suédois Stieg Larsson (Millenium) et ses adaptations ciné auraient fait saliver des producteurs qui aimeraient mettre la main sur un titre susceptible de les aider à reproduire le même miracle ? Quelle que soit la motivation, leur choix se portera sur l’écrit du prolifique Henning Mankell (Kinesen) qui sera adapté en 2 parties de 90 minutes (Der Chinese).
La Première partie va présenter la situation, les personnages, leurs rapports ... et développer l'intrigue dans la grande tradition du polar. L'enquête privée de Brigitta Roslin, jonchée d'indices, interrogations, filatures, rencontres (capitales) et intimidations lui révèlera une autre vision des choses, moins évidente et surtout carrément plus grave. Elle n'est pas agent de police mais ses compétences professionnelles et ses connaissances en Loi seront de précieux alliés pour progresser ... et même pour survivre ...
La seconde partie va plus bercer dans le thriller, où un chassé croisé entre Brigitta et le responsable va entrainer révélations/résolutions successives de problèmes périphériques, meetings incognito avec des organisations secrètes, ... et quelques dégâts collatéraux.
Le Chinois est un film accessible : le programme bénéficie d'une réalisation sans gros artifices, offrant une lisibilité totale des images et se recentre sur son scénario et ses VIPs.
Le suivi du dytique se fera tout en douceur, avec un favoritisme évident pour l'accès exclusif de preuves pertinentes pour Brigitta là où les flics, un peu out, feront de leur mieux (l'inspecteur Vivi Sundberg) ou iront vers la facilité. Il y aura pas mal d'ellipses et on appuiera clairement sur les moments-clefs pour ne pas rendre les 178 minutes longues, galères ou antidynamiques à suivre.
Le Chinois est un film qui voyage beaucoup et partout. Brigitta, comme dans le parcours d'un jeu d'aventures, trottera le globe à de multiples reprises : elle foulera le pied des continents européens et asiatiques ... mais également américain, un peu autrement ...
Pour différencier l’espace et le temps, chaque lieu aura une teinte/ambiance bien distincte.
Le Chinois est un film de tous les combats. Les protagonistes ont pour descriptif typique le fait d'être rincés, au bout du rouleau et constamment sous la pression de leur travail, obligations, engagements ou corrélations !
Tout gravite autour de 3 femmes, occupant des postes, rôles et symboliques des plus importantes :
* Brigitta Roslin : pivot principal. Elle doit assurer son job, ses soucis persos (en instance de divorce avec son Stéphane (Michael Nyqvist, vu dans Millenium et Mission Impossible 4) de mari) et maintenant cette affaire de tuerie où elle n'hésitera pas à tout mettre en péril pour découvrir la vérité !
L'actrice Suzanne von Borsody retranscrit TRES BIEN les forces nécessaires pour élucider le cas mais également les fragilités évidentes qui mêlent tristesse, peur et fatigue (son esthétique se dégrade au fur et à mesure qu'elle approche de la solution). Il ne serait pas exagéré de définir son jeu comme celui qui supplante toute la distribution.
* Vivi Sundberg (Claudia Michelsen) : inspectrice déterminée, à cheval sur les protocoles mais pouvant faire preuve d’une certaine souplesse. Déboussolée par cette affaire mais faisant son maximum, elle ne voit pas d'un bon œil l'investigation solo de Brigitta, ni même ses méthodes ... mais par des regards, des non-dits et autres "je comprends dans le fond", elle sait se montrer indulgente ... Elle est surtout présente lors de la première partie du film.
* Qui Hong (Amy Cheng) : sœur de Ya Ru, un homme d'affaires influent et particulièrement arriviste (il négocie des arrangements économiques entre la Chine et l'Afrique). Elle aura un rôle déterminant dans la seconde partie.
Le mystérieux Chinois sera un lien entre toutes ces mesdames (il veut expédier Brigitta ad-patres, devrait être la cible de Vivi et partage un rapport très particulier avec Qui Hong) ... Ses motivations, son identité et son obscur passé en ont fait une véritable machine à tuer, se riant des balles de révolver (même si celles-ci sont tirées à bout portant !) et fonçant vers ses victimes, l'épée à la main, prêt à en faire des rondelles !!
La justice est parfois aveugle, ça résout ASAP mais pas toujours bien, ça n'est pas toujours équitable, ça magouille de partout à tous les niveaux, ... Le Chinois est un film qui dénonce ouvertement les problèmes, failles, inadaptations et effets pervers dans les milieux judiciaires, policiers, économiques, ... Il y a également un parallèle élémentaire entre l'histoire de San au Nevada et les relations sino-africaines !!
CONCLUSION :
Sorte de roman de gare noir-live auquel il ne manque plus que le # de la page en bas de l'écran, ses faux-airs de série TV resserrée, scriptée et un peu guidée ne retirent pas au film une certaine forme de densité, d’engagement, … Ses réflexions sous-jacentes et son interprétation convaincante (ne serait-ce que Brigitta qui se débat du début à la fin) fait avaler le surréalisme de la progression.
Dès que l’orientation «Carte au Trésor et Points de Sauvegarde» est acceptée et qu’il n’est pas attendu élucider/chercher le coupable/faire surchauffer vos méninges aux côtés de la Fraulein Roslin, le métrage n'ennuie pas et reste plus que correct.
Il donnera sans doute envie aux potentiels livrovores ayant dégusté avec appétit l'aventure téléfilmique de se plonger dans les pages du roman éponyme.
Quels que soient les différents endroits et leur esthétique (grisonnante et glacée pour les plans suédois, colorée et pétillante en Chine ou «rétro» lors du détour aux States), les images sont quasi-toujours très bien définies, les contrastes sont du tonnerre et aucune remarque désobligeante à formuler sur la compression. Pas de fourmillements et autres impuretés visibles, ... c’est de la belle HD, bien traitée et agréable à l’œil.
Les pistes se montrent autant immersives et détaillées que possible, avec des dialogues toujours clairs bien mis en avant, des effets sonores qui se détachent convenablement, … On n’est pas dans la grande pétarade, ce n’est pas toujours autant agressif que ce qui est proposé aujourd’hui mais les techniciens n'ont pas accouché d’une piste de faible facture.
La VF colle dans son ensemble assez bien au sens et expressions originales tout en étant doublée avec brio ; la VOSTF s'en tire légèrement mieux pour des raisons d'immersion supérieures (où qu’ils soient dans le monde, TOUT LE MONDE ou presque PARLE un ALLEMAND cristallin ... mais bon, ce n'est pas comme si aucun film ne l'avait jamais fait dans sa langue ...).