Norman Maine, star déchue d’Hollywood, découvre une jeune chanteuse, Esther Blodgett et décide d’en faire une vedette. L’amour les rapproche et, après bien du travail, une étoile est née. Mais Norman sombre dans la déchéance alors qu’Esther, devenue la célèbre Vicky Lester atteint les sommets.
En 1954, Judy Garland, dont la carrière chaotique semble au point mort, se remet d’un divorce d’avec Vincente Minnelli avec qui elle eut Liza Minnelli (New York, New York). Sa vie privée est un désastre entre alcool et médicaments, elle trouve une nouvelle étoile dans les bras de son impresario et producteur : Sidney Luft, et se lance corps et âmes dans le lancement de ce projet, qu’elle maitrisait sur le bout des mots pour l’avoir interprété à la radio. La version radiophonique ne comportant pas de chanson, le producteur, fit appel à Harold Arlen (déjà compositeur de « Over the Rainbow) et Ray Heindorf (Affectionately yours) et confia à Georges Cukor (My fair Lady) la réalisation. Ce dernier n’avait jamais abordé le thème de la comédie musicale, et malgré une filmographie déjà bien fournie en chef d’œuvres, se sentit comme un jeune débutant. Le résultat est au-delà des attentes de Luft et Garland.
Car le réalisateur signe une mise en scène soignée et particulièrement énergique. Réputé pour savoir faire sortir le meilleur de ses acteurs et actrices et les avoir ainsi amené aux marches des césars, Cukor se laisse porter par les fêlures de l’actrice et les transforme brillamment. Judy Garland est brillante, mélodieuse et déchirée. Inspiré de l’histoire de John Barrymore (le grand-père de Drew Barrymore), le scénario sonne comme une résonnance de la vie de Judy Garland. L’actrice, qui connue la célébrité très jeune, s’y brûla d’autant plus les ailes. Addicte à différentes substances licites et illicites, l’actrice s’était littéralement perdue et la collaboration avec le réalisateur lui redonne un souffle nouveau et grandiose. Sous sa direction, Judy Garland se lance corps et âmes dans cette peinture d’un monde qui fait rêver la planète entière, mais qui cache une réalité parfois terrible.
Georges Cukor, donne un sens particulier à son film. Il dépeint avec beaucoup de justesse et parfois de froideur, une machine à rêve qui broie ses vedettes, et les laissent à la dérive lorsque ces dernières touchent le fond. La musique vient ici jouer le contraste parfois violent entre la réalité et les paillettes, à l’image de la scène où Vicky Lester (Judy Garland) tourne une séquence dans laquelle elle chante la vie, alors que son cœur saigne de voir l’homme de sa vie sombrer chaque fois un peu plus dans l’alcool. L’actrice est bluffante de sincérité, et la justesse de la mise en scène la rend encore plus prenante par une résonnance quelque peu cynique.
En conclusion, « Une étoile est née » est la première comédie musicale de Georges Cukor, et l’une de ses plus belles réussites. C’est aussi l’ultime triomphe de Judy Garland. L’ensemble est une œuvre incroyablement remarquable jouant entre comédie et tragédie. Un classique à découvrir de toute urgence si cela n’a pas déjà été fait.