New York, 1920. Deux Italiens, Nicolas Sacco, cordonnier, et Bartolomeo Vanzetti, marchand de poissons anarchiste, sont arrêtés et accusés du meurtre de deux hommes commis au cours d'un hold-up. Fred Moore, leur avocat, démontre leur innocence mais le procureur et le juge développent une argumentation imprégnée de xénophobie et de paranoïa antibolchevique. Le jury condamne à mort les deux Italiens.
A l’époque où le film fut lancé en production, personne, hors mis quelques historiens, ne se souvenait de l’histoire de ces deux immigrés italiens et Anarchistes aux Etats Unis qui furent arrêté en 1920, dans le cadre de la grande paranoïa Bolchévique et qui furent surtout exécutés malgré des incohérences évidentes dans leur procès et des comité de soutiens un peu partout dans le monde. Car, de la même manière que l’affaire Dreyfus en France, ce fait divers souleva les passions et une vague de contestation hors norme. Mais les gouvernements américains enfermés dans leur paranoïa et dans leur chasse aux sorcières honteuse restèrent sourds aux clameurs et exécutèrent froidement les deux protagonistes.
Alors il est intéressant que plus de 40 ans après le drame, ce soit un Italien dans son pays, qui se pencha sur le sujet et découvrit presque par hasard toute l’ampleur qu’avait pu prendre l’affaire. Il est évident après le visionnage du film, que le réalisateur prend le parti tout au long de sa narration pour les deux accusés, alors que le débat historique, émet des hypothèses contradictoires en permanence. Une seule commune : Le procès fut fait sur des légèretés et il peut éventuellement apparaitre que seul un des accusés était coupable. Mais le scénario ne fait pas tant dans la narration de cette affaire, il parle surtout de l’état d’esprit de la société américaine de l’époque de cette dérive paranoïaque qui poussa pendant de nombreuses années des hommes et des femmes dans les geôles de leur république pour des idéaux non conformes aux normes de l’époque.
De ce côté-là, le film est une grande réussite, car il parvient à dépeindre les paradoxes qui gangrénaient la société américaine des années 20. Dès le début de l’affaire on commence à discerner ceux qui prendront partis et ceux qui au contraire vont s’enfoncer dans l’absurde, à commencer par le procureur et le juge. On notera tout de même, que le réalisateur n’appuie pas suffisamment sur les véritables motivations de Fred Moore le premier l’avocat de Sacco et Vanzetti qui y vit plus une manière de permettre à sa femme de se faire élire à un poste important plutôt que d’éviter à ses deux accusés de périr sur la chaise électrique.
Impossible, de ne pas parler de la musique envoutante d’Ennio Morricone qui donne à l’œuvre encore plus de relief, notamment par cette idée remarquable d’avoir scindée la partition en trois parties complémentaires qui s’achèveront sur la Marche de Sacco et Vanzetti, dont les paroles reprennent les derniers mots prêtés à Vanzetti avant son exécution. La voix mélodieuse et envoutante de Joan Baez donne une profondeur supplémentaire au film tout en appuyant le parti pris du réalisateur.