Corée. Années 30, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d’une riche japonaise (Hideko), vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d’autres plans pour Hideko…
Ce « Mademoiselle » de Park Chan-Wook rappelle d’une certaine manière le « In the Mood for Love » de Wong Kar Wai ou encore plus ancien « L’empire des Sens » de Nagisa Oshima. Car le réalisateur soigne sa mise en scène en épousant aussi la voluptuosité des corps qui se touchent et s’attirent dans cette histoire de manipulation par la séduction qui ne laisse personne insensible. Et notamment parce que le réalisateur, qui a aussi signé le scénario, en filmant en numérique a choisi de filmer les personnages au plus prêt et créer un paradoxe permanent entre situations feutrées et tensions extrêmes. Avec un soin tout particulier, le réalisateur donne à un son œuvre une couleur sensible et pesante qui fait de ce « Mademoiselle » une texture hypnotisante qui oscille entre les grands cinéastes américains et les plus grandes références asiatiques.
Côté Scénario, Park Chan-Wook a décidé de transposer l’action de ce roman de l’auteure britannique Sarah Waters, dont l’action se déroule en Angleterre en 1860, en Corée des années 30 sous occupation Japonaise. Un choix qui se révèle payant puisque le réalisateur connait ces pays, qu’il en ressent toutes les complexités et permet ainsi à son histoire de se concentrer sur l’histoire de ces deux femmes mais également de livrer une peinture de la Corée de cette époque, de ces traditions qui faisaient et défaisaient les uns et les autres. Avec un goût évident pour l’intrigue, le réalisateur signe un scénario ciselé avec précision où les sentiments viennent perturber un projet d’escroquerie pour laisser apparaître une relation amoureuse naissante, dans laquelle chacun et chacune devra porter un masque pour ne pas se laisser piéger.
Avec une photographie soignée, portée par un choix numérique, qui pouvait évidemment se discuter sur le papier, Park Chan Wook fait taire toutes les réserves tant le résultat est d’une beauté saisissante. Que ce soit dans les intérieurs feutrés de la demeure d’Hideko, où les intrigues ne cessent de se monter et de se défaire au fil de la pendule qui égrène ses minutes dans un film captivant, mais également dans des extérieurs particulièrement mise en valeur par une photographie soignée qui a su prendre le meilleur des technologie pour le mettre au service de la beauté de paysages Coréens.
Et sous la direction de Park Chan Wook, la jeune Kim Tae-Ri qui signe là son premier rôle fait preuve d’une incroyable maitrise et d’un sens évident de la prise de lumière. La jeune fille est captivante, elle incarne avec une précision remarquable cette jeune fille, dont la mission est de prendre au piège une riche héritière mais qui va se laisser déborder par ses sentiments. Face à elle
Ha Jung-Hoo (Tunnel) impose un charisme et une force froide qui vient en parfait contraste avec l’ambiance générale de ce film.
En conclusion, « Mademoiselle» est un thriller redoutablement bien écrit qui joue sur la séduction, mais la magnifie au point de la laisser se faire déborder par les sentiments. La mise en scène est précise, la photographie d’une beauté saisissante et l’interprétation minutieuse.