Pierrot, Mimile et Antoine, trois amis d’enfance de 70 balais, ont bien compris que vieillir était le seul moyen connu de ne pas mourir et ils sont bien déterminés à le faire avec style ! Leurs retrouvailles à l’occasion des obsèques de Lucette, la femme d’Antoine, sont de courte durée … Antoine tombe par hasard sur une lettre qui lui fait perdre la tête. Sans fournir aucune explication à ses amis, il part sur les chapeaux de roue depuis leur Tarn natal vers la Toscane. Pierrot, Mimile et Sophie, la petite fille d’Antoine enceinte jusqu’aux dents, se lancent alors à sa poursuite pour l’empêcher de commettre un crime passionnel… 50 ans plus tard !
Adaptation de la Bd à succès de Wilfrid Lupano et Paul Cauuet, "Les Vieux Fourneaux" est une comédie qui suit les tribulations d'un trio de vieux copains pas forcément sympathique, qui s'amuse à torturer les leurs, à s'inventer des combats par des idéaux en tout genre. Particulièrement difficile à vivre, le trio ne manque jamais une occasion de faire une blague ou de de trouver une nouvelle victime. Alors lorsque l'un des trois perd son épouse, qu'il se sent à ce point perdu qu'il n'arrive plus à communiquer avec ses enfants, les deux autres vieux loustiques débarquent et s'unissent pour le soutenir quoi qu'il arrive.
Avec un scénario qui peut paraître un peu trop basique et écrémer tous les poussifs du genre, "les vieux fourneaux" est avant tout une histoire de trois vieilles personnes qui veulent insatiablement garder une place dans ce monde et par-dessus tout se sentir toujours vivantes, toujours utiles, au point d'en oublier les siens. Plus loin qu'une simple histoire caricaturale de trois vieux bandits, "Les Vieux Fourneaux " est, avant tout, un scénario qui souhaite mettre en lumière toutes ces rancœurs, ces non-dits qui peuvent pourrir les relations entre les uns et les autres dans des campagnes gangrenées par la bêtise.
Avec une mise en scène qui se laisse entièrement porter par le style et l'univers de la BD, Christophe Duthuron (Brice 3) entraîne le spectateur dans un univers entre celui de Caro et Jeunet ou encore de Laurent Tirard dans ses adaptations du "Petit Nicolas", avec ses couleurs un peu passées, ses personnages caricaturaux à l'excès et ses aventures un peu burlesques et un peu tendres aussi. Et si le film souffre d'évidentes inégalités, particulièrement dans la structure même de sa mise en scène et de son scénario qui ne parviennent jamais totalement à trouver une ligne de conduite solide qui puisse faire rentrer le film dans un style ou un autre, " Les Vieux Fourneaux" n'en demeure pas moins un film attendrissant par un naturel un peu franchouillard qui fait mouche et capte le public particulièrement par la qualité de sa distribution.
Car, effectivement, le film fonctionne grâce au trio d'acteurs : Roland Giraud (Papy fait de le résistance) , Pierre Richard (La Ch’tite Famille) et Eddy Mitchell (Le Bonheur est dans le pré). Les comédiens s'amusent, et le font savoir, a jouer les vieillards ultra dynamiques, qui refusent de laisser la nature les cantonner à des personnes incapables de faire la moindre chose sans souffrance. Roland Giraud s'amuse à jouer l'acariâtre, le vieux désagréable, celui dont on ne sait jamais s’il est froid où s’il se cache derrière une barrière infranchissable de peur de se dévoiler. Avec toujours autant de prestance et de finesse, le comédien illumine de sa présence noble le film. Pierre Richard, retrouve ses amours de jeunesse avec un vieux réactionnaire luttant contre les puissances du monde mais en étant le principal danger pour lui et pour les autres. Hystérique, Electrique, le comédien semble infatigable et s’amuse toujours autant avec un personnage complètement barré. Et pour finir Eddy Mitchell, vient faire la balance entre tout ça avec des répliques imparables autour de vieillesse. Acteur sensible et instinctif, Eddy Mitchell s’amuse beaucoup à camper ce personnage un peu romantique, un peu triste mais tellement attachant.
En conclusion, « Les Vieux Fourneaux » n’est pas, à proprement parlé, une réussite, notamment à cause d’un scénario un peu brouillon et d’une mise en scène trop ou pas assez énergique, qui ne parvient jamais à choisir son camp, mais les acteurs sont là pour gommer les défauts et nous embarquer dans leurs pérégrinations.