Frank Mansfield est entraineur de coqs de combat. Après avoir perdu son meilleur oiseau, il a formé le vœu de garder le silence jusqu'à ce que l'un de ses coqs remporte le championnat national.
Bon, voici un film un peu étrange, presque autant que de sa genèse. En effet sortie d’un échec cuisant, le réalisateur Monte Hellman peine à trouver de nouveaux financeurs pour pouvoir monter son nouveau projet. C’est grâce à la rencontre avec Roger Corman, célèbre réalisateur et producteur de série B et Z à foison, dont les très marquants : « La Petite Boutiques des Horreurs » (1957) qu’il réalisa lui-même ou le « Déméntia 13 » de Francis Ford Coppola en 1963. Le producteur va, alors donner les moyens à Hellman de réaliser ce film autour des combats de coqs.
Et le film va alors suivre de façon quasi documentaire le parcours de Frank Mansfield, un dresseur de coq qui, après avoir perdu son meilleur combattant, va faire vœu de silence jusqu’à ce qu’il remporte une nouvelle victoire. On peut vite comprendre à la lecture de ce pitch que l’on va intégrer u e œuvre hors du commun, qui, dans les mains, d’un autre réalisateur peut vite partir dans une sorte de réflexion profonde autour de ces combats et de la violence qui les entoure. Mais Monte Hellman va au contraire choisi une image épurée au maximum pur rendre son œuvre encore plus dérangeante, grâce à un naturalisme « crasse ». Gênant, car au-delà de la violence et de l’horreur de ces combats, le réalisateur, qui a signé l’adaptation de l’œuvre de Charles Willford, écrivain, qui participa également au scénario, va ici, nous dépeindre une Amérique profonde, bien des images véhiculées par Hollywood.
Est-ce que cela en fait pour autant un bon film ? Et bien non, si le film ne manque pas de bons points, comme le travail de photographie de Nestor Almendros (Les Moissons du ciel) qui parvient à donner une texture particulière aux combats de coqs et à la violence pesante qui en découle, la mise en scène du réalisateur est à l’image de son personnage principale : Mutique. Le réalisateur semble à bout de course et ne parvient jamais à garder un rythme régulier dans sa narration. Un peu comme quelqu’un qui sortirait d’un trip, le réalisateur semble planer au-dessus de son histoire et laisse son comédien principal Warren Oates, qui a pourtant œuvré chez des réalisateurs de renom comme Spielberg (1941) ou Sam Peckinpah (Major Dundee), totalement en roue libre et rongé par l’alcool dont il semble avoir abusé.
« Cockfighter » fut un nouvel échec pour Monte Hellman, et il n’est pas besoin de chercher bien loin pour comprendre que le réalisateur n’a pas su mettre ses idées en ordre pour garder une cohérence dans son propos. Le film déroute par la violence des combats de coqs et par le naturalisme qui en font une sorte de film hybride entre fiction et documentaire. L’originalité du sujet pouvait être une bonne idée mais en l’absence d’une direction d’acteur, le film sombre dans l’errance d’un comédien rongé par ses démons dans une Amérique profonde fort peu reluisante.