L’écrivain-scénariste Paul Javal mène une vie heureuse avec sa femme Camille. Le célèbre producteur américain Jeremy Prokosch lui propose de travailler à une adaptation de l’Odyssée, réalisée par Fritz Lang à Cinecittà. Le couple se rend alors sur les lieux et rencontre l’équipe du film. Prokosch fait bientôt des avances à Camille sous les yeux de Paul. Cette tentative de séduction va sonner le glas de leur couple…
Avec « Le Mépris », Jean Luc Godard se voit confié un gros budget, près de 500 millions de Francs, soit environs deux fois plus que pour « A bout de Souffle ». Mais les producteurs veulent un casting qui soit à la hauteur. Et comme, le réalisateur veut une nouvelle fois parler d’artistes, de cinéma et que l’action doit se passer aux studios de Cinecitta en Italie, les producteurs suggèrent deux grands acteurs Italiens : Marcello Mastroiani et Sophia Loren. Mais voilà Godard ne fait que ce qu’il veut, et même s’il propose un scénario, il ne le suit pas vraimezntr, du coup, lorsque les producteurs lui proposent des noms il va chercher ailleurs. Ce sera donc Michel Piccoli (Les Choses de la vie) et surtout la star internationale Brigitte Bardot (Et Dieu créa la femme).
Le réalisateur va également s’octroyer les services de deux autres grandes figures du cinéma. D’abord Jack Palance (Panique dans la rue), un acteur américain habitué à jouer les méchants et au caractère volcanique et surtout Fritz Lang (Metropolis) l’immense réalisateur d’origine allemande que Godard adule. Des choix qui viennent servir un scénario qui ne repose que sur des idées et qui, comme à chaque chez Godard, sont guidés par les inspirations journalières du réalisateur qui veut forcer ses acteurs à se livrer avec peu d’indications. Un brin irritable et sec dans ses rapports avec ses artistes, le réalisateur le sera sur le tournage du « Mépris » et sera à l’origine de bien des tensions avec les comédiens, comme avec Jack Palance, un acteur habitué a être chouchouté, qui se retrouve là avec une réalisateur volontiers indifférent et cassant. Godard va d’ailleurs garder dans le montage final, une colère de Palance.
Des tensions qui n’ont pourtant pas empêcher le film d’être une réussite, notamment par la manière dont le réalisateur va explorer les rapports homme femme, et de mettre en lumière la désintégration d’un couple. Adaptation quasi fidèle du roman de l’auteur Italien Alberto Moravia. Si dans le roman, la rupture est lente, chez Godard elle est rapide, et le réalisateur va alors se concentrer sur la manière dont le dégout, le mépris va s’installer dans le cœur de la jeune épouse. Comme un poison fulgurant, il va s’installer, à la suite d’un malentendu et Godard de tourner autour de ce malentendu et de se focaliser sur l’interprétation qu’en fait Camille.
Avec « Le Mépris », Jean Luc Godard continue de filmer des rapports conflictuels entre u homme et une femme, souvent sous le prisme du malentendu, mais, comme si cette trame n’était qu’une excuse dans son cinéma, le réalisateur situe, encore l’environnement de ses protagonistes, dans un milieu artistique et particulièrement le cinéma, comme si son œuvre tout entière était une réflexion sur son propre travail et sur son rapport aux autres. Et « Le Mépris » ne déroge pas à la règle, le héros est scénariste, il évolue dans un monde de cinéma entre séduction et répulsion.
C’est d’ailleurs le personnage de Brigitte Bardot, alors l’une des plus grandes stars du cinéma en France, qi va être le témoin de cette réflexion, puisque son personnage est le seul à ne pas faire de cinéma et avoir donc un œil extérieur pour mieux poser un regard externe sur la créativité. L’actrice, livre, ici, l’une de ses meilleures prestations toute en sensibilité et parfois en froideur. Face à elle, Michel Piccoli, livre une prestation presque distante, comme s’il était le reflet du réalisateur lui-même ave un détachement et une distance parfois irritante.