Carmen, une jeune mexicaine qui tente de traverser la frontière, tombe sur une patrouille américaine. Aidan, jeune ex-marine lui sauve la vie en tuant l’un des siens. A jamais liés par cette nuit tragique et désormais poursuivis par les forces de l’ordre, ils font route ensemble vers la Cité des Anges. Ils trouveront refuge au cœur de la Sombra Poderosa, un club tenu par la tante de Carmen qui leur offrira un moment suspendu grâce à la musique et la danse.
Le chorégraphe Benjamin Millepied nourrissait depuis longtemps l’envie de se lancer dans la réalisation d’un long-métrage. Bien sûr, et aidé par Dimitri Rassam, le réalisateur a décidé d’adapter « Carmen », une œuvre qui tourne autour de l’envie insatiable de liberté d’une jeune femme, qui doit fuir constamment, se battre inlassablement et aimer par son choix et non par celui des autres. A la foi universelle et tellement d’actualité, Benjamin Millepied a signé le scénario avec l’aide de Loïc Barrère (Germinal). Mais voilà, à trop vouloir se concentrer sur la transposition d’un œuvre aussi marquante et en lui donnant une texture particulière, les deux scénaristes ont oublié de donner plus de corps à leurs personnages qui semblent d’un seul coup noyé par une esthétiques visuelles qui sera le cœur même de cette œuvre et de cette appropriation de cette institution qu’est l’histoire de « Carmen ».
Car s’il y a un défaut et une qualité au premier film de Benjamin Mille pied, c’est bien, soignée à l’extrême, transportant dans un monde entre la danse contemporaine, un visuel puissant qui utilise une façon de filmer à 360° pour mieux donner le vertige dans certaines scènes notamment celle de danses. Le réalisateur transpose l’œuvre de Bizet à la frontière avec le Mexique, parce que, élevé aux Etats-Unis, il connaît mieux les lieux, ils lui sont plus familiers et facilitent son inspiration. Mais voilà, cela ne suffit pas à en faire un film impeccablement réussit. Alors nous pouvons nous laisser griser par cette mise en scène, touchante, hypnotisant parfois, mais le manque de corps des personnages nous empêche de totalement plonger dans ce spectacle aux chorégraphies renversantes.
Côté distribution, l’actrice Mélissa Barrera, que l’on avait déjà vu dans « Scream VI » de Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett (2023) et Paul Mescal, que l’on verra bientôt dans « Gladiator 2 » ont suivi un entrainement intensif pour rendre leurs jeux presque aussi chorégraphiés que pour les danseurs et cela leur va très bien, même si l’on peut encore regretter que le réalisateur n’ait pas suffisamment capitaliser sur leur talent pour donner plus de force à son film.