Asteroid City est une ville minuscule, en plein désert, dans le sud-ouest des États-Unis. Nous sommes en 1955. Le site est surtout célèbre pour son gigantesque cratère de météorite et son observatoire astronomique à proximité. Ce week-end, les militaires et les astronomes accueillent cinq enfants surdoués, distingués pour leurs créations scientifiques, afin qu’ils présentent leurs inventions. À quelques kilomètres de là, par-delà les collines, on aperçoit des champignons atomiques provoqués par des essais nucléaires.
Il y a des auteurs que l’on a bien du mal à classer mais dont chacune de ses œuvres est un évènement parce que l’on sait d’avance qu’elle va nous surprendre. Wes Anderson est typiquement ce genre d’artiste qui s’est créé un univers où le style autant que la narration est une aventure qui prend chaque fois le spectateur à revers. Depuis « La Famille Tenenbaum » en 2001, puis « La Vie Aquatique » en 2003, Wes Anderson s’est créé un style et surtout une place dans le cœur des cinéphiles et des critiques du monde entier. Dernier film à avoir fait l’unanimité, ce fut bien sûr « The Grand Budapest Hôtel » sorti en 2013, qui fut couronné de nombreux prix à travers le monde.
Avec « Asteroïd City », Wes Anderson revient avec une histoire un peu loufoque, qui mêle deux styles de films : Un hommage aux émissions de TV des années 50 qui diffusaient des pièces de théâtres en direct et mises en scènes par des artistes de renoms tels que John Frankenheimer (Le Prisonnier d’Alcatraz) ou encore Sidney Lumet (Serpico), mais également l’Ouest Sauvage, source de bien des légendes et fantasmes. Mais voilà, le réalisateur semble avoir perdu le fim de son propre projet et se perd dans sa propre histoire ou dans ses propres images. Comme à chaque fois, le style scénaristique est léger mais aborde des thématiques parfois lourdes, comme le deuil, en faisant le contre poids par une intrigue parallèle que sont les coulisses d’ne pièce de théâtre. Le spectateur en est rapidement désarçonné et se demande vers quel direction le réalisateur veut l’emmener.
Alors, bien sûr, il y a l’esthétique, toujours très soignée chez Anderson, chaque plan est millimétré, joue des perspectives s’amuse avec les angles, les mouvements. Nous avons l’impression de feuilleter les pages d’un album Panini avec ses vignettes figées et ses images qui livrent des souvenirs ou font vivre l’imaginaire. « Asteroïd City », c’est un peu ça, un peu de scénario et beaucoup de travail visuel, une sorte de peinture mouvante que l’on regarde avec émotion, mais qui nous fait oublier qu’au fond il y a d’abord une histoire qui lie l’ensemble. Wes Anderson nous invite à un voyage dans la nostalgie, mais nous laisse imaginer nous -même une histoire que pourrait être celle qu’il eut nous raconter ou qu’il aurait voulu nous raconter.
Et puis il y a ce casting étoilé, comme rarement, qui montre à quel point le réalisateur est en vue à Hollywood. Tom Hanks (Il Faut sauver le Soldat Ryan), Scarlett Johansson (Avengers), Steve Carell ( My Beautiful Boy), Adrian Brody (Le Pianiste) et puis Jason Schwartzman (Hunger Games) et bien d’autres encore. Seulement tous, sans aucune exception, apparaissent plus ou moins longtemps, mais n’ont pas grand-chose à dire, pas grand-chose à faire et tout cela nous circonspect, car nous avons cette étrange impression qu’ils sont sous-utilisés et que des acteurs moins connus auraient largement fait l’affaire. Du coup de cet « Asteroïd City » il nous reste simplement l’illusion d’avoir vu un film alors que tout cela ressemblait plutôt à un musée de plans d’une rare beauté à l’esthétique incroyablement soignée, mais au scénario sans consistance.