En Malaisie, une femme du monde veut avorter d'un enfant adultérin avant le retour de son mari. Bien qu'il soit sous son charme, le Dr Holk refuse. La jeune femme accepte alors d'être opérée par un praticien chinois.
Fedor Ozep est ce que l’on appelle un réalisateur Nomade. Né à Moscou en Russie en 1895, il commence sa carrière cinématographique en Russie, comme scénariste aux côtés du réalisateur Yakov Protazanov pour lequel il signera les scénarii de « La Dame de Pique » en 1916 ou encore « Aelita » en 1924. C’est en 1926 qu’il réalise son premier film « Miss Mend » qui sera un succès retentissant en Russie. En 1928, il quitte l'URSS pour l'Allemagne, y tourne une version des « Frères Karamazov » de Tolstoï, puis en 1933, fuyant le nazisme, il trouve refuge en France où il signe cinq films, dont ce fameux « Amok » qui nous intéresse maintenant.
Ce qui frappe dès le départ c’est que le film aborde un sujet encore tabou et surtout interdit, à l’époque, (Nous somme en 1934) : L’Avortement. Mais loin d’en faire le point central de son intrigue, il va surtout, comme cela se faisait beaucoup à l’époque dans le cinéma Russe, s’intéresser à la psychologie des personnages. Et de ce côté-là le film sort de la production du moment, notamment parce que chacun des personnages n’est pas aussi lisse qu’il n’y parait, à commencer par Marcelle Chantal, une actrice tombée dans l’oubli pour n’avoir tourné que dans moins d’une dizaine de film entre 1920 et 1950, mais quand même chez Chenal (L’Affaire Lafarge) et L’Herbier (La Tragédie Impériale. L’actrice campe ici, une riche femme qui, suite à une aventure avec un militaire se retrouve enceinte, mais pour sauver son honneur et celui de son mari, souhaite avorter clandestinement. Nous comprenons tout de suite la complexité du personnage qui, en plus ne parvient que très peu à se départir de son air hautain et supérieur, face au médecin don elle a besoin.
Un médecin, dont on comprend très vite qu’il est rongé par l’alcool, la solitude et les dettes. Rien n’est simple dans ce personnage qui apparaît tantôt au fond du trou, tantôt fier, mais surtout rongé par le remords d’avoir repoussé cette femme, avec une rare violence verbale. Interprété par Jean Yonnel, qui ne tourna pas non plus dans un grand nombre de films : 8, ce personnage apparaît rongé par ses erreurs mais également par son passé et le comédien, parvient même avec quelques maladresse (Parfois du surjeu) à nuancer son jeu et aller chercher des expressions contradictoires pour mieux dessiner son personnage.
Côté mise en scène, le réalisateur avec son scénariste André Lang (Les Misérables), ont décidé de prendre quelques libertés avec l’œuvre éponyme de l’écrivain Stefan Zweigndont, mais ce n’est que pour mieux lui rendre honneur. Ainsi l’Amok, qui en Malaisien veut dire : Transe Furieuse reste au centre de la narration, mais le réalisateur et son scénariste retire le narrateur, pour donner plus de place aux deux personnages et particulièrement à celui du Dr Holk. Cet homme frappé du « Amok », qui devient d’un coup le symbole de son existence et de sa destinée.