Dans les années 1850, au Portugal, l'écrivain Camilo Castelo Branco et son ami José Augusto tombent amoureux des deux sœurs Owen. José Augusto est épris de Marie, mais c'est Fanny qu'il enlève une nuit.
Il y a 40 ans, sortait un film inclassable qui posait les bases d’un cinéaste de 72 ans, mais que la dictature portugaise avait empêchée de réellement exposer toutes les formes de son art. Et ce cinéaste c’est Manoel De Oliveira, un artiste inclassable, qui signa ave « Francisca » l’un de ses plus beaux chefs-d’œuvre, et surtout posa les bases de son style de toute la qualité de mise en scène et surtout la folie visuelle que contient son art. Le réalisateur soigne chacun de ses plans comme des peintures d’époques, ses personnages semblent prendre la pose comme pour être immortalisé par un peintre, et se parlent tout en fixant le spectateur, comme pour le prendre à témoin de l’errance de leurs sentiments.
A la fois et en même temps mobile comme dans ces magnifiques scènes de bal que le réalisateur soigne au cordeau, et nous entraine dans une farandole de couleurs captivantes sans être excentriques. Le film qui est une adaptation du roman d’Agustina Bessa-Luis : « Fanny Owen » édité en 1979, est la première pierre d’une tétralogie qu’il appellera celle des cœurs brisés et qui comptera des œuvres telles que : « Le Passé et le Présent » (1972), « Bénilde ou la Vierge Mère » (1975) et « Amour de Perdition » (1979). Ici le réalisateur qui signa le scénario, suit le parcours de ces deux amis qui tombent amoureux de deux sœurs, mais que les sentiments vont venir complexifier l’existence.
Manoel De Oliviera fait preuve, ici, d’une virtuosité remarquable dans laquelle la maitrise et la folie ferait presque penser aux plus grands peintres d’Espagne ou du Portugal. A la fois hypnotique, « Francisca » est une œuvre référence pour le cinéma mondial et pour les grands cinéphiles du monde entier par la précision de ses plans sa maitrise des dialogues et de la direction d’acteur. Ici, le réalisateur n’est pas simplement un raconteur d’histoire il est un explorateur de l’âme humaine de ses sentiments et de la détresse qui en découle. Tout est minutieux, les premiers plans comme les seconds et les arrières plans, tout est beau, puissant et doux, mobile et statique en même temps. Oliviera captive et interroge, c’est toute la force de son cinéma et tout cela se retrouve magnifiquement ordonné dans « Francisca ».