Des anges s'intéressent au monde des mortels, ils entendent tout et voient tout, même les secrets les plus intimes. Chose inouïe, l'un d'entre eux tombe amoureux. Aussitôt, il devient mortel. Un film sur le désir et sur Berlin, « lieu historique de vérité ».
Rarement un film n’aura autant captivé que celui de Wim Wenders. Après plusieurs œuvres réalisées à l’étranger, notamment aux Etats-Unis avec son superbe « Paris Texas » en 1984, le réalisateur Allemand revient dans son pays et plonge le spectateur dans une œuvre d’une poésie intense magnifiée par un Noir et Blanc puissant. Très inspirée du néo réalisme dont le cinéma Allemand fut longtemps l’un des plus porteurs, Wim Wenders construit une sorte de conte Expressionniste où des anges écoutent et tentent d’aider les humains. Mais lorsque l’un d’eux tombe amoureux d’une trapéziste, sa condition même d’être céleste est remise en compte. Il va alors errer au cœur d’une ville magnifiée, comme rarement, alors qu’elle porte encore les stigmates d’un passé douloureux : Berlin. Nous sommes à la fin des années 80, en 1987, lors de sa sortie en salle, le mur de Berlin n’est pas encore tombé, la ville est toujours coupée en deux par un mur de Béton qui la transperce du nord au Sud. L’Ouest Occidentale, L’est Soviétique, les bâtiments pas encore reconstruits, la ville tente sa renaissance et le réalisateur lui offre une vitrine de luxe.
En faisant de Berlin un personnage à part entière de son œuvre, Wenders signe ici, un hommage à cette ville et à un pays qui cherche à retrouver une liberté et une réunion qui lui rende la place qu’il devrait avoir dans le monde qu’il a participé a blesser dans le passé, à briser. Pour autant Wim Wenders, ne se tourne jamais vers le passé et cherche plutôt à montrer la vie, l’avenir, le regard vers l’horizon d’un avenir que la jeune génération veut croire (A raison !) meilleur. En suivant l’errance de ces personnages tous en recherche d’un sens à leurs existences, d’une raison à leur présence au milieu d’une ville qui, elle-même veut se retrouver un nouvel avenir, le réalisateur créé un parallèle avec un moment charnière de l’histoire de son pays. Pourtant, rien ne semble y paraitre, car le scénario
Inspiré par les poèmes de l’écrivain Allemand Rainer Maria Rilke (Lettres à un jeune poète) et hommage au cinéma de Ozu, Truffaut et Tarkovski, « Les Ailes du Désir » c’est avant tout une errance tout en subtilité, en tristesse aussi d’un réalisateur qui revient dans son pays et décide d’en filmer ses blessures à travers des plans où la caméra filme de toutes les manières possibles les terrains vagues, le no man’s land entre les deux parties de la ville ou encore des bâtiments encore abîmés par les stigmates de la guerre, 4 décennies plus tôt. Ses anges survolent Berlin dans une mélancolie froide que le choix du Noir et Blanc ne fait que renforcer. Mais lorsque l’un d’eux tombe amoureux, la couleur comme l’espoir d’une nouvelle vie, revient petit à petit. Wim Wenders est un orfèvre et Peter Falk l’acteur de « Columbo » son outil pour aider le personnage principal joué avec force nuance par Bruno Ganz (La Chute), dont la qualité de jeu et le magnétisme se mêle à la beauté de la mise en scène du réalisateur.