En marge de Bollywood, le cinéaste bengali Satyajit Ray a fait découvrir au monde le cinéma d’auteur indien grâce à son premier film, « La Complainte du sentier » en 1955. Avec « L’Invaincu » en 1956 puis « Le Monde d’Apu » en 1959, il réalise une chronique à la profonde beauté de la vie d’Apu, de son enfance dans une famille pauvre du Bengale rural jusqu’à l’âge adulte à Calcutta, au rythme de l’inoubliable musique de Ravi Shankar.
Mondialement reconnu comme l’un des maîtres du cinéma moderne, le réalisateur bengali Satyajit Ray a exploré la culture de son pays et ses mutations à travers une œuvre nourrie par la littérature et la musique. Ce cinéaste touche-à-tout, lauréat d’un Oscar® pour l’ensemble de sa carrière, n’aura cessé d’expérimenter de nouveaux genres tout en restant fidèle à son univers réaliste et intimiste.
« La Complainte du Sentier » : Dans un village du Bengale-Occidental, vers 1910, vit une famille pauvre qui a été obligée de vendre le verger qu’elle possédait. Leur petite fille, Durga, avec la complicité de la vieille femme Indir, de la famille du père, hébergée par eux, continue de prendre des fruits dans le verger. Le père, brahmane, lecteur de textes sacrés, qui travaille à Bénarès, rentre pour la naissance de leur deuxième enfant, Apu.
« L’invaincu » : 1920. Apu, âgé d’environ 10 ans, vit avec ses parents installés à Bénarès, logés dans une ancienne maison au cœur de la ville. Tandis que le père, brahmane, officie sur les ghats sur les bords du Gange, Apu le regarde, observe les gens et la vie en ces lieux où, avec d’autres enfants, il se promène dans les ruelles étroites de la ville. Fatigué, le père est victime d’un malaise en montant les marches des ghats.
« Le Monde d’Apu » : Calcutta, 1930. Vivant dans une modeste chambre donnant sur la voie ferrée à proximité de la gare de Calcutta, Apu doit renoncer à poursuivre ses études. Face aux réclamations pour des mois de loyers impayés, il vend ses livres pour avoir de l’argent et cherche du travail pour payer ses mois de loyer en retard. Pour réconfort, il reçoit une lettre lui informant que sa nouvelle, « L’Homme de la terre », sera publiée.
Le cinéma indien est plus souvent connu par chez nous pour son côté coloré, un peu brin kitsch, avec des costumes colorés et des danses endiablées. Pourtant l’un des plus grands maîtres de cinéma asiatique, toujours et encore considéré comme le plus productif du monde : Satyajit Ray, fut un réalisateur qui, contrairement aux américains pour lesquels cela était mal vu, n’hésita pas à jouer de tous les genres : la comédie, le fantastique, le policier etc... surtout, et ce coffret nous le prouve bien, à travers le temps, le réalisateur a su capter l’évolution de son pays, les mutations importantes qu’il a su opérer, et ces règles ancestrales qu’il n’ a pas su freiner.
Jamais une critique trop acerbe, mais véritable observateur de son époque et de son pays, Satyajit Ray est avant tout un témoin d’une époque qui nous apparaît bien lointaine. Le coffret proposé par l’éditeur Carlotta nous permet de découvrir Les tout début de la carrière du réalisateur avec l’adaptation d’un roman en deux tomes à destination des enfants, qui suit les aventures d’un jeune garçon, Apu. Le réalisateur profite de ce regard à hauteur d’enfant, pour illustre le quotidien de ces hommes et surtout de ces femmes, véritables pierres angulaires de la société patriarcale Indienne des années 50. Avec, certes quelques petites erreurs de tournage, notamment des problèmes de focales, le réalisateur signe avec « La Complainte du sentier » une première œuvre à la fois forte et naïve, dans laquelle il pose son regard sur cette société, dont on imagine facilement, qu’il peut y avoir de l’autobiographie cachée derrière.
A travers ces trois films, le réalisateur se découvre à la fois curieux et passionné. Lui fils d’un poète majeur Bengali a su développer un sens de l’observation et de la narration qui lui permette de peindre la société Indienne, sans chercher à en masquer les faiblesses et notamment cette dissension entre l’extrême pauvreté, et l’extrême richesse qui se font front, et ne laisse pas beaucoup de place entre les deux pour ceux qui veulent survivre Satyajit Ray pose les bases de son cinéma et à travers ces trois premiers films, il prouve qu’il ne prendra jamais le cinéma indien, autrement qu’à contre-pied, à savoir, un cinéma presque documentaire où la saleté, et la pauvreté font naitre des espoirs qui parfois se concrétisent.