Dix ans avant sa consécration au Festival de Cannes pour son célèbre road movie américain Paris, Texas, le cinéaste Wim Wenders, fasciné par la puissance contemplative des paysages, s’était déjà essayé au genre avec sa « Trilogie de la route ». Tournés à travers l’Allemagne et aux États-Unis, avec Rüdiger Vogler dans le rôle de l’alter ego du réalisateur, Alice dans les villes, Faux Mouvement et Au fil du temps déploient la métaphore de la route pour illustrer la découverte de soi et la transformation. Considérés comme des contributions significatives au mouvement du Nouveau cinéma allemand, traitant de l’errance existentielle dans un pays hanté par la guerre, les 3 films sont réunis pour la 1re fois en Coffret 3 Blu-ray™ dans leur nouvelle restauration 2K et 4K !
Les 3 Films :
Blu-Ray 1 : « Alice dans la ville » (1974) : Phillip Winter, un journaliste allemand parti aux États-Unis pour les besoins d’un reportage, est en panne d’inspiration et décide de rentrer au pays. À l’aéroport de New York, alors que tous les vols à destination de l’Allemagne sont annulés, il fait la rencontre de Lisa et de sa fille de neuf ans, Alice. Le lendemain, Phillip découvre que la mère a disparu et qu’il va devoir ramener l’enfant en Europe…
Blu-Ray 2 : « Faux Mouvement » (1975) : Aspirant écrivain, Wilhelm Meister quitte sa ville natale pour Bonn, désireux d’élargir son horizon. Dans le train, il fait la rencontre d’un ancien athlète olympique accompagné d’une jeune acrobate. Ils seront bientôt rejoints par une actrice et un apprenti poète. Durant son voyage à travers l’Allemagne, qu’il parcourt du nord au sud, Wilhelm va être confronté à une série d’aléas…
Blu-Ray 3 : « Au Fil du Temps » (1976) : Au cours de l’un de ses trajets, Bruno, réparateur ambulant de matériel cinématographique, croise la route de Robert, qui a précipité sa voiture dans l’Elbe sur un coup de tête. Rapprochés par leur solitude commune, les deux hommes entament alors un périple les menant d’un cinéma rural à un autre, le long de la frontière entre l’Allemagne de l’Ouest et la RDA…
Nous sommes en 1974, soi-disant avant la sortie de « Paris Texas » et 13 avant « Les Ailes du désir », deux films majeurs de Wim Wenders ; et le réalisateur va alors se lancer dans une aventure cinématographique hors du commun, qui posera les bases de son cinéma, celle du voyage et de la contemplation. A travers les portraits de ses personnages, Wim Wenders fait un parallèle entre les paysages, les villes que ses héros traversent, les rencontrent qu’ils font et la manière dont ils vont se construire et compenser leur manque de liberté et leur manque de reconnaissance ou d’identité.
Nous sommes en 1974, et l’Allemagne est encore coupée en deux, les stigmates de la seconde guerre mondiale sont encore bien présents et la jeune génération cherche à retrouver sa place dans un monde dont elle a malheureusement hérité. Consciemment ou non, le cinéma de Wenders peut être considéré comme une lutte pour que son pays retrouve sa place en Europe, qu’on ne le voit plus comme l’auteur de l’un des plus terrible génocides de l’histoire de l’humanité. A travers l’œil de sa caméra, Wenders expose son pays au monde, il le montre de toutes les manières, y fait les bases de son histoire et découvre une vérité, dans laquelle les personnages errent en quête de sens et de reconstruction.
Avec « La Trilogie de la Route », la recette s’imposer d’office comme celle d’une rencontre, toujours d’un solitaire avec quelqu’un ou quelqu’une qui va le faire évoluer, le faire grandir ou simplement le faire se reconstruire. Wenders ne filme pas deux mondes côtes à côtes, non, il filme l’errance puis la rencontre et enfin l’écoute et l’union de personnages qui vont avoir ensemble à unir leurs forces pour s’ouvrir à un nouvel avenir, au cœur d’un autre personnage, la ville, qui à travers un voyage se révèle bien plus qu’un décors mais comme une partie essentielle de la narration. Pour comprendre le cinéma de Wim Wenders, il est essentiel de passer par cette « Trilogie de la Route » qui pose les bases de son cinéma et de sa narration propre au réalisateur.