Un chapitre glaçant du classique de la littérature fantastique Dracula de Bram Stoker, LE DERNIER VOYAGE DU DEMETER relate le destin tragique d’un navire marchand, le Demeter, affrété pour transporter une cargaison privée, composée de 50 caisses en bois, des Carpates à Londres. Accablé par d’étranges événements, l’équipage du Demeter tente de repousser une présence impitoyable qui les assaille chaque nuit. Quand le navire atteint enfin la côte anglaise, ce n’est plus qu’une épave délabrée et calcinée, sans un seul survivant à bord.
Le personnage du Vampire n’est pas une invention du romancier Britannique : Bram Stocker, puisqu’il apparaissait déjà dans les « Penny Dreadful », des revues Horrifiques très célèbres en Angleterre durant le XIXème Siècle. Mais le romancier lui donna une véritable personnalité en créant son personnage de Comte Dracula. Il lui créa une origine, celle d’un seigneur de guerre sanguinaire en Europe de l’Est, dont la fiancée, le croyant mort, se suicida, poussant le comte Vlad Dracul aux portes de l’enfer de désespoir. Il se maudit et fit le pacte de venir se nourrir du sang des mortels et de semer la mort. « Dracula » était né et le mythe ne cessa de trouver des échos chez les scénaristes en tout genre et particulièrement ceux du cinéma qui y trouvèrent l’occasion de faire peur aux spectateurs. On pense évidemment au réalisateur Allemand Friedrich Murnau et son « Nosferatu Vampire de la nuit » en 1922 (le nom de Dracula et des autres personnages et lieu de l’intrigue furent changés pour éviter de payer des droits d’auteurs à Stoker), mais c’est un film Hongrois de 1921, qui est en fait sa première apparition : « Drakula Halala » de Karoly Lajthay. On retiendra également la version de Werner Herzog en 1979, remake du film de Murnau, et puis bien sûr celle de Francis Ford Coppola en 1992 avec Gary Oldman (Léon). Sans oublier évidemment les versions de la Hammer sous la direction de Terrence Fisher avec Christopher Lee (Le Signeur des Anneaux) dans les années 50 et 60 ou encore avant cela les interprétations muettes de Bela Lugosi qui interpréta plus d’une centaine de fois le comte Dracula au théâtre avant d’entrer dans la légende cinématographique en 1931 et de voir son image à jamais associée à celle du vampire.
Et puis, il y a eu des réalisations oubliables, que ce soit au cinéma ou en série. Quasiment chaque décennie nous apporte une nouvelle version ou une nouvelle histoire inspirée du « Dracula » de Stocker. Cette année c’est donc deux scénaristes Américain : Zak Olkewicz (Bullet Train) et Bragi Schut (Escape Game) et un réalisateur Norvégien André Ovredal, qui ont décidé de réveiller le vampire en développant un passage majeur du film, le voyage du monstre de la Roumanie à l’Angleterre par la mer. Si l’histoire du Demeter n’est pas un long passage du roman, il n’en demeure pas moins intéressant, puisque Dracula va devoir se nourrir durant la traversée, et l’équipage qui n’a aucune connaissance de ce qu’il transporte en sera les premières victimes. Ce n’est pas si inutile de se pencher sur ce qu’il se passa sur le bateau pour ranimer la bête, la découverte du château dans les Carpates ayant été largement développée au cinéma, l’idée est bonne de vouloir parler de ce moment charnière dans l’histoire de « Dracula ».
Côté scénario, cela donne un film, assez simple avec des personnages basiques qui vont petit à petit découvrir que leur destin funeste fut scellé dés lors que les caisses furent rangées dans les cales. Il n’y pas grand-chose à dire, si ce n’est que l’ensemble ne brille pas forcément par une originalité folle et que la présence d’un personnage féminin, amène son lot d’incohérences assez maladroitement gérées. Pour le reste, nous n’allons pas crier à l’extase, bien au contraire, certains passages font même soupirer. D’autant que la mise en scène du réalisateur manque trop souvent de fluidité et de dynamique, comme lorsque le Dr Clemens se jette pour sauver le petit Toby qui risque d’être écrasé par une caisse. Le manque de fluidité dans la scène rend l’ensemble assez maladroit et ne parvient jamais à totalement nous embarquer. Il sera de même tout au long du film, avec des apparitions de Dracula, tellement téléphonées qu’elles ne nous surprennent même plus. Dommage l’idée de départ était bonne.