Albert et Bruno sont surendettés et en bout de course, c’est dans le chemin associatif qu’ils empruntent ensemble qu’ils croisent des jeunes militants écolos. Plus attirés par la bière et les chips gratuites que par leurs arguments, ils vont peu à peu intégrer le mouvement sans conviction…
Depuis « Nos Jours Heureux » en 2006 et surtout « Intouchables » en 2011, le duo Eric Toledano/Olivier Nakache vit une véritable histoire d’amour avec le public Français. Dans un style personnel qui explore les « Handicapés » de la vie mais avec toujours un humanisme évident, le duo signe à chaque fois des comédies simples mais efficaces dans lesquels ils mettent en lumière ceux dont on parle très peu finalement, alors que qu’ils sont plus nombreux que ceux qui sont sous la lumière. Avec « Samba » en 2014, le duo parlait des sans-papiers, des immigrés que l’on montre constamment du doigt, particulièrement dans une société qui ne cesse de s’extrême droitiser. « Le Sens de la fête » (2017) tournait autour d’un patron de société d’évènementiels qui arrivait à un moment charnière de sa vie, celui où l’on fait le bilan, où l’on s’épuise de l’énergie demandée. Et leur dernier film « Hors normes » en 2019 mettait en lumière les accompagnateurs de personnes handicapées.
Pourtant « Une Année difficile », fut un échec au box-office. Car, alors que leurs films ne furent jamais en dessous du Million de spectateur, cette dernière réalisation ne séduisit qu’un peu plus de 800 000 Spectateurs. Un film qui se retrouve au niveau de leur plus faible score que furent les « « Je préfère qu’on reste a. » (2005) leur premier film qui ne fit que 330 000 entrées et « Tellement proches » en 2009 qui ne séduisit que 776 000 spectateurs. Un coup dur, pour le duo, qui abordait, ici, un sujet délicat et peut-être moins fédérateur que dans leurs autres films.
Après être passé par la série avec « En Thérapie », les deux réalisateurs continuent de coller au plus près de la société. Comme s’ils s’étaient donnés pour mission de faire parler les « Silencieux » et les « Invisibles », Toledano/Nakache nous emmène cette fois ci dans les rouages du surendettement, le danger de la surconsommation et son effet sur la planète. Deux sujets qui se télescopent avec une évidence parfaite, puisque le premier résulte souvent des pièges de la surconsommation et le deuxième n’en voit l’effet que sur la planète. Ces deux mondes sont indissociables mais ne se croisent que peu, et le duo a décidé de les opposer ou tout du moins de les associer pour en montrer les failles, les excès et les bienfaits. Toujours avec une écriture à quatre mains, les deux réalisateurs signent une intrigue drôle, mais jamais en marge de la réalité. Ils cherchent, chaque fois, non pas à juger, mais à donner une voix à ceux qui n’en n’ont pas. Et dans ce difficile sujet du surendettement, ils se gardent bien de faire deux clans : Ceux qui s’endettent et ceux qui gèrent, non ils montrent les failles des uns et des autres ainsi que leurs valeurs. Le surendettement est un drame de la surconsommation, mais le duo montre également qu’il s’agit, avant tout, d’un drame de la vie, où les victimes doivent chercher par tous les moyens à survivre et où la honte est la sœur de la fragilité.
Et le duo ne s’arrête pas là, il va, également, avec une efficacité toute aussi redoutable, associer à son premier sujet, celui de l’effet de la surconsommation sur l’écologie. Un sujet forcément d’actualité qui peut vite donner matière à des débats houleux, mais qui, chez Toledano/Nakache, va prendre un sens différent, moins radical, mais tout aussi efficace, celui que le mantra que doivent se répéter une partie des héros : « En ais-je besoin ? En ais je vraiment Besoin ? ». Une question que l’on devrait tous se poser, pour réduire cette production infernale de produits qui ne font de détruire nos propres ressources vitales, et menacent ainsi les générations futures. Jamais Patho, aucunement démago, les réalisateurs signent une œuvre simple et subtile qui associe deux mondes pour mieux en faire comprendre les conséquences.
Et avec toujours une certaine empathie pour ces personnages cabossés, le duo va offrir un rôle sur mesure à Pio Marmaï (Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan). L’acteur affine son jeu et montre encore une fois toutes la palette d’émotions qu’il sait tirer, même avec un simple regard ou une simple posture de son corps. Face à lui, et c’est la révélation de ce film : Jonathan Cohen (Le Flambeau) qui, prouve ici, qu’il a encore des choses à dire et qu’il lui est possible de sortir de sa zone de confort. D’ailleurs, ceux qui auront été déçu de « Sentinelle », son dernier film sur Prime Vidéo, par un manque d’inspiration évident, seront ravis de voir que le comédien, découvre ici une palette de nuance de jeu incroyablement large qui lui permet de se laisser aller à des scènes plus complexes que ce qu’il fait par habitude.