« Fleur Pâle » : Après avoir purgé une peine de trois ans pour homicide, Muraki réintègre son clan de yakuzas à Tokyo. En reprenant ses activités clandestines, il fait la connaissance de Saeko, qui fréquente son cercle de jeux. Muraki est bientôt fasciné par cette énigmatique jeune femme, elle-même irrésistiblement attirée par le monde de la nuit...
« Gonza Le Lancier » : Gonza, lancier de renom, affronte Bannojo, un membre de son clan, pour avoir l’honneur d’accomplir la cérémonie du thé célébrant la naissance d’un héritier de leur seigneur. Pour voir les rouleaux sacrés détaillant les secrets de la cérémonie, Gonza promet d’épouser la fille de la famille qui les possède, bien qu’il soit déjà fiancé à une autre. Alors qu’il étudie les rouleaux avec Osai, la mère de la maison, Bannojo les espionne puis court proclamer dans toute la ville qu’ils ont commis un adultère…
Il y a dans la façon de film de filmer de Masahiro Shinoda, quelque chose qui ressemble à ce qu'on sut faire de mieux des réalisateurs de la Nouvelle Vague en France, comme Melville notamment avec cette façon un peu sombre de créer son récit son personnage principal avare de sentiments et de mots, taiseux à souhait. Il y a aussi cette façon de jouer avec le rythme, la temporalité du film, de mélanger les genres, jouer avec les métaphores, comme ces tripots où se perdent les deux personnages principaux, comme une sorte de chimère où rien n'a totalement d'importance et où l'on se perd comme l'existence de l'un et de l'autre. Le réalisateur fait preuve de radicalité dans sa mise en scène, mais, garde une cohérence en épurant au maximum le superficiel pour donner une œuvre grandiose et à la fois intimiste. Sombre et d’une beauté renversante.
Nous retrouvons cette même radicalité dans « Gonza le Lancier », réalisé 22 années plus tard et qui vaudra au réalisateur les honneurs de se voir remettre l’Ours D’argent de la meilleure contribution artistique à la Berlinale de 1986. Masahiro Shinoda gardera ce style inimitable qui pourrait faire penser que la Nouvelle Vague Française aurait été inventé au Japon par des réalisateurs comme Nagisa Oshima, Kiyu Yoshida et bien sûr Masahiro Shinoda. Car ce dernier continue de jouer sur la temporalité pour mieux immerger le spectateur dans une œuvre noire, ici, en jouant sur le tableau de la culture ancestrale nipponne, de ses codes et ses aberrances. Le réalisateur filme des personnages au plus naturel, avec un minimum de dialogue pour que les corps et les visages parlent à leurs places, que ce soit des attitudes neutres ou des sentiments refoulés, que ce soit de la vérité et du mensonge, Shinoda brouille les cartes et laisse sa mise en scène imprégner le spectateur dans une succession de scène épurées et complexes pour donner une fausse impression de simplicité.