Histoire
1947. Madeleine a été tondue à la Libération pour avoir fréquenté un officier allemand. De cette liaison naitra un enfant. À présent mère célibataire, elle travaille comme serveuse dans un hôtel-restaurant de la côte bretonne où son passé n’est pas connu. Elle rencontre François, un jeune étudiant solitaire, secret, riche et cultivé. Ils vont être attirés l’un vers l’autre, alors que chacun renferme un secret.
Critique
L’ambition était grande : celle de retracer une épopée familiale sur plusieurs décennies. Les thèmes sont nombreux. On commence par Madeleine qui a fricoté avec l’ennemi allemand durant l’occupation. On continue avec la recherche du père par le fils né de cette union. On finit avec l’homosexualité dans une époque qui la condamne. Cela peut sembler beaucoup pour une même famille, mais il y a eu tellement de secrets cachés au sortir de la guerre que l’on en découvre encore lors, par exemple, d’une succession.
Katell Quillévéré a entre les mains une source d’histoires, de séquences, de décors à en faire pâlir les meilleurs metteurs en scène. Durant un peu plus de deux heures, elle va dérouler des séquences s’intéressant à certains personnages tout en délaissant d’autres protagonistes. Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste concentrent l’essentiel de l’histoire. Paul Beaurepaire, Josse Capet et Hélios Karyo interprètent le fils, Daniel, lors des différentes époques. Ce dernier personnage n’aura pas le droit à un gros développement. La recherche sur la vérité du père est maladroite. Le final étant sur ce thème, il manque un peu d’émotions.
J’ai été, à titre personnel, particulièrement déstabilisé par la scène à trois avec le GI, Jimmy. Scène longue et particulièrement malaisante pour le spectateur que j’étais.
La réalisation manque d’ampleur par rapport au sujet. Les décors sont sans ambitions. Dès que l’on sort des appartements, le champ de vision se réduit. Les arrière-plans sont flous. Seules les plages de Dinard offrent un peu d’espace. Peu de décors, peu de reconstitution. Même la scène finale (9 mois de préparation !) aurait pu être plus grandiose avec une mise en scène ambitieuse.
La réalisation est globalement fade. Caméra portée, mais stable. Peu de mouvements. Pas de grues, pas de travelling. Certaines productions télévisuelles font mieux. Les passages d’une époque à une autre sont brutaux. Si les enfants grandissent par l’intermédiaire d’un changement d’acteur. Les parents sont à peine grimés. Je voudrais aussi bien vieillir qu’eux !
On gardera toutefois une bonne direction des acteurs, une histoire originale et franchement osée qui change à 200 % de toutes productions cinématographiques US. Un film d’auteur à voir pour être apprécié, aimé ou détesté.
Verdict
Malgré ses petits défauts, « Le temps d’aimer » offre une histoire originale et prenante.