Haby, jeune femme très impliquée dans la vie de sa commune, découvre le nouveau plan de réaménagement du quartier dans lequel elle a grandi. Mené en catimini par Pierre Forges, un jeune pédiatre propulsé maire, il prévoit la démolition de l'immeuble où Haby a grandi. Avec les siens, elle se lance dans un bras de fer contre la municipalité et ses grandes ambitions pour empêcher la destruction du bâtiment 5.
Est-ce qu’il est facile de rester à la hauteur d’un film, qui aura autant susciter l’engouement du public et de la critique, un passage remarqué à Cannes et dans la plupart des festivals où il fut présenté, et nommés dans un bon nombre de cérémonies prestigieuses comme les Oscars et les Golden Globes ? La réponse est forcément mitigée, d’autant que le réalisateur va, ici, opposer deux mondes qui ne cessent dans la réalité de vouloir travailler ensemble, mais ne semblent jamais trouver le bon angle de collaboration : Les associations représentant les habitants de cités et les politiques locaux. Et c’est, à la fois une qualité et un défaut, car « Bâtiment 5 », à la différence des « Misérables » ne provoque l’électrochoc que le premier avait eu la force de provoquer. Notamment parce que ce sujet du choix politique qui va, souvent, à l’inverse de ceux souhaités par les associations, notamment parce que souvent ces deux mondes, se côtoient mais ne parviennent que très rarement à se comprendre, notamment parce qu’ils sont dépendant l’un de l’autre, fut déjà souvent traité par d’autres réalisateurs tout aussi talentueux que Ladj Ly.
Mais là où le réalisateur fait la différence c’est sur l’implication de son expérience personnelle qui transpire à chaque étape du scénario qu’il a signé avec Giordano Gederlini (Tueurs). En effet, Ladj Ly s’est inspiré de plusieurs figures politiques dont une particulièrement : Claude Dilain qui fut maire de Clichy sous-bois de 1995 à 2011 et qui s’illustra par sa lutte contre le logement insalubre. Mais à mesure que le scénario évolua, il devint évident qu’il se devait d’évoluer vers d’autres direction pour garder une authenticité et un aspect presque documentaire qui puisse faire passer un certain nombre de discours, comme la place des femmes dans ce combat quotidien qui vise à lutter contre l’insalubrité ou les problèmes d’entretien des bâtiments, comme le montre si bien la scène d’ouverture avec cette famille, obligée de porter un cercueil à travers la cage d’escalier. Il y a aussi, dans le scénario l’envie de montrer cette nouvelle génération qui tente de trouver des solutions en s’impliquant dans le vie politique de la ville.
Mais voilà, à trop vouloir mettre d’informations et appuyer sur des faits, le réalisateur rend son œuvre moins lisibles et moins impliquantes que son précédent film. Car malgré toutes les qualités que le film porte et toutes ces informations qu’il véhicule, le film ne surprend pas et, surtout ne tente pas de répondre aux questions qu’il pose lui-même. Et le choix de la conclusion du film, est une erreur qui vient cannibaliser les différents discours du film et ses différentes intentions. Car, s’il a voulu montrer la colère, issue du désespoir, Ladj Ly met en scène, maladroitement, une scène violente qui fait perdre sens à son propos et l’approche de la caricature qu’il aurait fallu éviter pour rester dans cet esprit quasi documentaire, dont l’ensemble suffisait à montrer ce fossé qui existe entre les choix de politique locale et les besoins au quotidien de ces familles dans la détresse.