Au XVIe siècle, Martin revient dans son village natal d’Artigat, après plusieurs années passées à la guerre. L'homme se rappelle tout, les habitants, leur histoire et jusqu'au moindre détail. Après quelque temps, des vagabonds identifient Martin comme Arnaud du village voisin de Tilh, mais les villageois rejettent ces revendications comme des mensonges. Mais quand Martin fait une demande d'argent à son oncle, l'oncle est indigné et attaque Martin.
Au début il y a le rapport du Juge Jean de Coras, d'une affaire qu'il avait instruite en 1561, au sujet d'un paysan qui n'était pas revenu chez lui depuis 10 ans et qui, à son retour, fut accusé d'usurpation d'identité. Après il y eut le roman d'Alexandre Dumas : « Les Deux Dianes » publié en 1846, dans lequel le romancier évoquait cette histoire. Et puis enfin, il y eut également deux romans : « The Wife of Martin Guerre » de Janet Lewis publié en 1941 et « The Return of Martin Guerre » de Natalie Zemon Davis, édité pour sa part en 1983. Ce sont ces derniers qui donnèrent de la matière à Jean-Claude Carrière pour le scénario qu'il écrivit avec Daniel Vigne, pour le film de ce dernier : « Le Retour de Martin Guerre ». Ce film va, bien sûr, livrer une version romancée de l'histoire, mais va surtout être l'occasion pour le réalisateur d'offrir une reconstitution particulièrement documentée de cette société du XVIe siècle.
Et même si parfois, la mise en scène de Daniel Vigne (Jean De La Fontaine, Le Défi) fait penser à un son et lumière en image, elle n'en demeure pas moins saisissante de vérité et nous plonge dans une époque où les mariages s'arrangent, où les unions ne sont pas forcément amoureuses, où la place des femmes est bien assujetti à la volonté des hommes, et surtout où les jalousies et autres frustrations peuvent amener à remettre en doute la valeur d'une personne, ou dans la cas de Martin Guerre, l'authenticité de son identité. Ce qui fait la force du film, comme son intelligence, c'est évidemment la manière dont le scénario nous amène à douter constamment. Par un jeu subtil de répliques ou de postures parfois discrètes, Jean Claude Carrière et Daniel Vigne, nous font entrer dans un procès dans lequel nous devenons les témoins privilégiés d'une histoire où tout est dit et en même temps où tout semble être caché.
Avec une précision d’orfèvre, l’équipe qui entoure le réalisateur va alors reconstruire un environnement qui va plonger le spectateur dans une époque bien éloignée de la nôtre. Le scénario va d’ailleurs aller dans ce sens avec, ce qu’il faut, d’informations pour nous emmener dans une intrigue tenue de main de maitre par un Jean Claude Carrière qui, de la même manière que Gérard Brach, Andrew Birkin, Howard Franklin et Alain Godard avec « Le Nom de la Rose » (1986) de Jean Jacques Annaud d’après le roman d’Umberto Ecco, l’enquête prend une dimension captivante dès lors que l’enquête prend une nouvelle tournure, lorsque Bertrande, la femme de Martin, signe une missive, dénonçant la possibilité usurpation d’identité de son mari. Le scénario va nous entrainer alors dans une spirale infernale de sentiments contradictoires qui vont nous tenir en haleine jusqu’au dénouement.