En l’an 2200, Aline Ruby, détective privée obstinée, et Carlos Rivera son partenaire androïde sont embauchés par un riche homme d’affaires afin de capturer sur Terre une célèbre hackeuse. De retour sur Mars, une nouvelle affaire va les conduire à s’aventurer dans les entrailles de Noctis, la capitale martienne, à la recherche de Jun Chow, une étudiante en cybernétique disparue. Noctis est leur ville, une utopie libertarienne rendue possible par les progrès en robotique, emblème d’un futur tourné vers les étoiles. Au fil de leur enquête, ils seront confrontés aux plus sombres secrets de leur cité ; ses institutions corrompues, ses trafics, ses fermes cérébrales, et les magouilles des toutes puissantes corporations. Mais des tueurs cyber augmentés ont eux aussi pris pour cible Jun Chow. Aline et Carlos se lancent dans une course désespérée pour sauver cette jeune femme qui, sans le savoir, détient un secret capable de menacer l’équilibre précaire sur lequel repose leur civilisation.
Pour son premier long métrage, le réalisateur Jérémie Périn a choisi l’animation et s’est inspiré du « Cycle des Robots » d’Isaac Asimov, l’auteur de « I, Robot ». Dans cette œuvre, il invente des règles fondamentales que les robots ne doivent pas transgresser, comme le fait qu’un robot ne doit pas agresser un humain et doit lui porter assistance, si ce dernier est en danger, ou encore qu’il doit obéir aux ordres d’un humain, etc… Ce qui surprend d’abord avec « Mars Express » c’est la tonalité du scénario. Ecrit avec son co-scénariste Laurent Sarfati (Caïn), Jérémie Périn va plonger le spectateur au cœur d’une intrigue dans laquelle on peut trouver des notes de films noirs avec des détectives privés, dont l’une est sobre depuis plusieurs mois mais dont la possibilité de rechute n’est jamais bien loin, des personnages au passé torturé, on peut également penser à « Blade Runner » et par extension à l’œuvre de Philip K. Dock « Les Androïdes rêvent-ils de moutons Electriques ? », avec cette ambiance sombre aux dialogues ciselés et parfaitement travaillés.
Ajoutez à cela, des graphismes épurés qui permettent au réalisateur de ne jamais dévoilé ses intentions, mais surtout de conserver le spectateur dans un univers qui soit moins sombre que dans « Blade Runner », par exemple, où la dualité de l’humain et de l’androïde rend l’ensemble austère et pesant. Dans « Mars Express », ce n’est pas le cas, bien au contraire, car le film parvient à trouver la tonalité juste pour rendre l’ensemble plus ludique. Avec un certain sens de la répartie et une bonne dose d’humour, le réalisateur parvient à créer une œuvre qui puisse venir rivaliser avec la grosse cavalerie américaine. On pense d’ailleurs à « Titan A.E. » de Don Bluth et Gary Goldman, qui avec le Studio Blu Sky et la Fox avait une incursion dans la SF mais n’avait pas trouvé cette subtile alchimie qui allait faire de « Mars Express » une véritable réussite. Et même si ce long métrage d’animation est plutôt destiné à un public adulte, il n’en demeure pas moins la preuve que l’animation française sait faire de véritable petite pépite d’animation qui puisse rivaliser avec les Américains.
Et parce qu’il faut bien trouver quelque chose à dire de mal, le seul regret que je trouve dans ce film est une distribution qui ne parvient pas à trouver une certaine fluidité dans la diction, avec des répliques tranchées, que l’on retrouve souvent dans l’animation française, comme, si jouer avec plus de rondeur était impossible en France. Pourtant le film bénéficie d’une distribution trois étoiles avec Léa Drucker (Jusqu’à la garde), Daniel Njo Lobé (Les Disparus de la Forêt Noire), Marie Bouvet (Une Année Difficile), Sébastien Chassagne (Nous Les Leroy) et Mathieu Amalric (Le Grand Bain). Même Marthe Keller, une actrice iconique que l’on a vu dernièrement dans « Une Vie » de James Hawes, est venue faire un petit coucou.