Ce film aborde la quête initiatique d'un homme qui cherche à se venger des dirigeants corrompus qui ont assassiné sa mère et maintiennent les pauvres et les plus vulnérables de la société dans une constante précarité. Inspiré de la légende d’Hanuman, l’homme singe, personnage mythique et véritable incarnation de la force et du courage en Inde, le film met en vedette Dev Patel lui-même, dans le rôle de Kid, un gamin des rues qui, après l'horrible massacre de son village natal, a grandi orphelin dans les bas-fonds de la ville fictive de Yatana. Il finit par gagner sa vie dans un club qui organise des combats clandestins où dissimulé derrière un masque de gorille, il se laisse battre au sang par des adversaires pour de l'argent. Après toutes ces années à contenir sa rage le jeune homme trouve le moyen d'accéder à la sinistre élite de la ville. Subitement submergé par son traumatisme d'enfance il va se retourner violemment contre ceux qui lui ont tout pris et trouver ce que les mystérieuses cicatrices de ses mains cachent en vérité.
Alors voilà un nouvel exemple d’un film mal vendu ! Un film dont la bande-annonce joue clairement la carte d’un nouveau « John Wick » à la sauce Bollywood. Mais voilà, « Monkey Man », premier de l’acteur de « Slumdog Millionaire » (2008) de Danny Boyle, Dev Patel, est avant tout un film initiatique. Un long métrage dans lequel un homme apprend que la vengeance peut s’assouvir d’une autre manière que celle qu’il a choisi en se rendant responsable, d’une certaine manière de la mort de sa mère. C’est aussi, l’occasion, pour le réalisateur, d’aborder le sujet de la grande inégalité qui existe en Inde et particulièrement la manière dont les Richissimes hommes d’affaires n’hésitent pas à provoquer plus de misère pour pouvoir atteindre leurs objectifs.
Le film « Monkey Man », peut se diviser en deux parties. Il y a d’abord celle où le héros ère dans une ville entre nuit et ombres, entre souvenirs et sombres idées. Une partie, où il tente maladroitement de disposer les pions de sa vengeance face à ceux qui ont tué sa mère. C’est dans cette partie que le réalisateur va développer la légende l’homme Singe Hanuman, qui fut punit par les Dieux pour avoir goûter le soleil. La mise en scène de Dev Patel est précise et méticuleuse. Le réalisateur prend (Trop ?) son temps et nous embarque même dans une aventure où les plus faibles tentent de survivre aux agressions des puissants. Il va jusqu’à nous offrir une expérience chamanique, qui n’est pas sans rappeler le « Blueberry » (2004) de Jan Kounen. Une première partie éprouvante, tant on attend que le film se révèle à la hauteur de ce qui nous a été vendu à travers la bande annonce. Alors, parfois au détour d’une scène d’un coup, le réalisateur nous offre une scène de combat incroyablement chorégraphiée, mais dont l’énergie retombe subitement pour revenir sur l’errance du héros.
Et puis d’un seul coup le film passe à une deuxième partie, en forme de matérialisation de la légende de l’Homme Singe, et à une réalisation de la vengeance du héros. Le film passe alors en mode Action avec des combats dantesques, qui, comme pour « John Wick » doivent leurs réussites à des chorégraphies remarquablement travaillée et une utilisation de la lumière et de l’environnement qui donne tout son sens à l’ensemble. Le film devient d’un seul coup le produit qui nous a été vendu et l’on se surprend à prendre plaisir à voir comment il sait utiliser ses caméras pour rendre l’ensemble presque comme une chorégraphie Bollywood avec des mouvements très ronds, des ondulations de costumes tout en lumières et en brillances.
Seulement cette deuxième partie arrive bien tard et annonce la fin du film. Alors même si la première partie recèle bons nombres de bonnes surprises, la bande annonce nous avait conditionné à un film d’action pure et nous a mis dans de mauvaises conditions pour pouvoir apprécier les belles idées que Dev Patel a pu mettre dans la mise en scène, y compris toute l’émotion qui se dégage de cette relation entre une mère et son fils, tout comme ces rencontres qui vont forger ce héros qui va bouleverser l’ordre des choses, dans un final dantesque.