A cause d'une jambe cassée, le reporter-photographe L. B. Jeffries est contraint de rester chez lui dans un fauteuil roulant. Homme d'action et amateur d'aventure, il s'aperçoit qu'il peut tirer parti de son immobilité forcée en étudiant le comportement des habitants de l'immeuble qu'il occupe dans Greenwich Village. Et ses observations l'amènent à la conviction que Lars Thorwald, son voisin d'en face, a assassiné sa femme. Sa fiancée, Lisa Fremont, ne le prend tout d'abord pas au sérieux, ironisant sur l'excitation que lui procure sa surveillance, mais finit par se prendre au jeu...
Inspiré d’une nouvelle de Cornell Woolrich : « It Had to be Murder » éditée en 1942, « Fenêtre sur Cour » est un film majeur dans la carrière d’Alfred Hitchcock, grand maitre du suspense, à qui l’on doit notamment des œuvres comme « La Mort aux Trousses » en 1959, avec cette scène mythique d’un cary Grant poursuivi par un avion, ou encore « Psychose » l’année suivante et sa fameuse scène de la douche (Je me pose la question s’il fallait encore présenter Hitchcock !), puisqu’il lui valut une nomination à l’Oscar du meilleur Réalisateur. C’est surtout un long métrage qui est, à la fois une prouesse technique et artistique. Technique parce que le film fut intégralement tourné dans les Studios de la Paramount. Le chef décorateur Gene Lauritzen dut faire évacuer les sous-sols, non utilisés du Studio pour pouvoir construire tous les appartements nécessaires à l’intrigue, mais également, parce l’époque n’étant pas la même les décors touchaient presque les câbles électriques situés au plafond. Avec des pellicules particulièrement inflammables, la chaleur des projecteurs, autant dire que le tournage fut sous tension techniquement.
Artistiquement, c’est également une preuve de la maitrise de toutes les couches de la fabrication d’un film par le maitre. Que ce soit le son, omniprésent dans le film, où l’on entend la fête le soir dans un des appartements, où les vocalises d’une chanteuse durant la journée, rien n’est laissé au hasard et tout vient souvent en contraste avec le crime qui semble avoir été commis dans le plus grand des secrets. Le montage aussi, est capital dans la structure du film et particulièrement dans la mise en scène d’Hitchcock. Car, il va jouer avec le spectateur, en nous montrant une action dans un des appartements, puis la réaction de James Stewart, nous installant dans le fauteuil du voyeur. Mais Hitchcock, ne serait pas le maitre s’il ne jouait as avec nos nerfs et c’est ce qu’il va faire lorsque Jeffries a dormir et que le réalisateur nous montre l’assassin quitter son appartement en compagnie de quelqu’un. Il nous fait prendre de l’avance sur ce que devait vor son héros.
« Fenêtre sur Cour » est également un film où le réalisateur va incérer un personnage et une intrigue secondaire en la personne de Lisa Carol Fremont, magnifiquement interprété par Grace Kelly (La Main au collet). Le rôle de l’actrice fétiche d’Hitchcock (Elle fera 3 films avec le réalisateur) est de faire ce que le héros ne peut faire, mais également de semer le doute, de la montrer vulnérable, à travers une histoire d’amour qui n’existe pas dans la nouvelle de Woolrich, mais qui vient apporter un contre point, au personnage de James Stewart qui apparaît toujours sûr de lui. « Fenêtre sur Cour » est un chef d’œuvre d’Alfred Hitchcock qu’il faut voir pour de multiples raisons, qui se résument toutes en une phrase : La maestria du Maitre du Suspense se résume dans ce film.