Alors qu'il part en mer saborder son navire afin de toucher l'assurance, Romain découvre à son bord une passagère clandestine. Avant de mourir, celle-ci lui confie son enfant.
Réalisateur oublié, Jacques de Baroncelli compte à son actif, pourtant plus de 80 films. Avec une carrière commencée en 1915, à la grande époque du Muet, le réalisateur se fait remarquer par une capacité hors norme à passer de la comédie au drame. Et c’est peut-être ce qui est à l’origine de sa disparition de la mémoire collective, car, pourtant De Baroncelli a su adapter des œuvres de grands auteurs français, Balzac (Le Père Goriot (1921)) ou Zola (Le rêve (1931)) ou encore Jules Verne (Michel Strogoff (1936))). Jacques e Baroncelli c’est un réalisateur précis, poétique, qui sait mettre tout son savoir-faire au service de scénario ou d’œuvres littéraires remarquables.
Avec « La Rose de la mer », il met donc en image le roman éponyme de Paul Vialar (Prix Fémina, 1939) dans lequel un jeune homme embarqué dans une escroquerie contre son gré, va trouver une jeune femme, qui s’est embarqué clandestinement dans son bateau, et y accouche. L’homme va alors devoir choisir entre l’argent ou l’honneur. Ce qui est intéressant dans cette adaptation, c’est que le réalisateur qui a travaillé l’adaptation avec le romancier va changer le point de vue et alors que le roman mettait quelques personnages en point de détail, De Baroncelli va, au contraire, appuyer sur les caractères afin de donner plus d’humanité.
Nous sommes en 1947, la guerre et ses horreurs a prit fin seulement 3 années auparavant et certaines blessures restent bien ouvertes et la pauvreté est, plus que jamais présente. Le réalisateur va alors pouvoir réaliser une œuvre dans laquelle il va opposer la fourberie et le sens de l’honneur. Ici, nous avons l’oncle qui a accepté de couler son bateau pour toucher l’assurance et qi est prêt à tuer cette femme et son enfant tant qu’il peut toucher l’argent, et face à lui : Jérome, un jeune homme droit, au sens du devoir et de l’honneur chevillé au corps. Et c’est cette dualité qui va constamment ressortir de l’œuvre de Jacques de Baroncelli. C’est pour cela qu’il va également utiliser un personnage beaucoup moins développé dans le livre : Néel. Un marin, pauvre qui par amour pour sa fille et pour sa femme, va accepter d’en être séparé. C’est à travers ce personnage que De Baroncelli va laisser apparaître le doute et l’empathie. Car, à la différence des autres marins, Néel émet des doutes en permanence sur le bien fondé de ce qui se trame sur le bateau.
Et la mise en scène de Jacques de Baroncelli, a cela de remarquable qu’elle se passe n très grande partie sur le bateau dans les cales ou sur le pont. En utilisant une unité de lieu, le réalisateur impose un cadre restreint et cela lui permet de mieux dessiner ses personnages pour les rendre en toute cohérence dans une intrigue parfaitement tenue qui nous tient en haleine du début à la fin.