Ballin Mundson, directeur d’un casino, prend sous sa protection un jeune Américain, Johnny Farrell, après l’avoir sauvé d’une mort certaine. Ballin, devant s’absenter, confie la direction de son établissement à Johnny. Il revient quelque temps plus tard marié à Gilda, l’ancienne maîtresse de Johnny.
L’actrice Rita Hayworth, née Margarita Carme,Cansino en 1918, Rita Hayworth n’est plus une débutante lorsque sort le film « Gilda », mais une scène va tout changer : Celle où l’actrice se lance dans un strip-Tease où elle retire une paire de gant avec une sensualité débordante et fascinante. Et c’est bien la toute première grande surprise de ce film, sorti juste après la guerre en 1946, et qui reste marqué par le régime Nazis. Nous faisons souvent un parallèle entre ce « Gilda » et « Casablanca » (1942) de Michael Curtiz, avec ces personnages qui semblent fuir quelque chose et se réfugie en Amérique du sud, que de voir un personnage féminin jouer avec sa sensualité et l’attractivité qu’elle exerce sur les hommes. Car tout au long du film, pour se défaire, d’une certaine manière du joug des hommes avec qui elle semble prisonnière, Gilda, va alors user en permanence de son pouvoir de séduction.
Et c’est bien la séduction qui est au cœur de ce film, connu pour cette scène du gant, mais moins pour sa subjectivité intelligente, qui lui permet d’aborder des sujets aussi subversifs, pour l’époque que : La Misogynie, l’impuissance et l’homosexualité, sans être censuré par le fameux « Code Hays » alors en vigueur et se voulant garant d’une certaine morale. Autre sujet qui aurait pu mettre le code Hays en ébullition, et c’est d’ailleurs le rapport avec « Casablanca », c’st cette adaptation du roman d’E.A. Ellington qui traitait de cette paranoïa américaine redoutant les Nazis qui avaient réussi à fuir en Amérique du Sud et qui aurait pu avoir une envie de vengeance. Le scénario signé Marion Parsonnet (La Reine de Broadway) est un véritable numéro d’équilibriste qui vise à pouvoir traiter ses sujets sans pour autant subir le couperet de la censure.
Face à la star Rita Hayworth (Seuls les anges ont des ailes), il y a un duo d’acteurs déjà célèbre : Glenn Ford, qui avait déjà jouée avec l’actrice dans « The Lady in Question » (1940) de Charles Vidor et George MacReady (Le Retour de Monte-Cristo). Les deux acteurs rivalisent de précision dans des rôles pourtant difficiles. Le premier s’inspirant des films noirs, très populaires à l’époque, en créant un personnage sombre, austère et fidèle ç celui qui l’a pris sous son aile et le second en jouant perpétuellement sur l’ambiguïté de son rôle que ce soit dans la domination ou dans la noirceur de ses projets. Dans les deux cas les comédiens tournent autour de Rita Hayworth et montrent deux facettes de la masculinité de l’époque que l’on n’hésiterait pas, à l’heure du #Metoo, à dénoncer.
Quoi qu’il en soit « Gilda » de Charles Vidor est une œuvre majeure du cinéma américain d’après-guerre que l’on réduit un peu trop injustement à une scène de gant. Alors que la subtilité de la mise en scène et de son scénario, en font un exemple de ce que pouvait être un film hollywoodien cherchant à aborder des sujets un peu moins lisses que ce qui se faisait à l’époque tout en évitant la censure du « Code Hayes ».