Rejetons de la classe aisée hongkongaise, Louis et son amie Kathy vont se lier à Tomato et Pong, de condition plus modeste. Devenus inséparables, les deux couples mènent une vie oisive, rêvant de rallier des contrées lointaines à bord du Nomad, le voilier du père de Louis. Ils seront bientôt rejoints par Shinsuke, le petit ami nippon de Kathy, poursuivi pour avoir déserté l’Armée rouge japonaise…
Du cinéma Hongkongais nous avons souvent l'habitude de penser aux films d'actions, aux intrigues policières et autres films de historiques éventuellement. Nous faisons rarement appel à un souvenir de films qui pourraient faire penser au mouvement de la nouvelle Vague en France. Et pourtant Hong Kong dans les années 70 80 a vu naître toute une génération de cinéastes venus donner leur vision de la société de l'époque. Une époque foisonnante de changements, de couleurs, d'émancipation contenue entre liberté et préservation d'une identité culturelle et sociale. Patrick Tam fait partie de ces réalisateurs qui sont venus bousculer le cinéma Hongkongais. Avec un style très proche de ce que pouvait faire un Jean Luc Godard en France, Tam filme son pays et sa mégalopole, à travers une jeunesse parfois insouciante, mais également victime de la vie et partagée entre l'influence occidentale et la tradition asiatique. Tout cela donne une sorte de patchwork étonnant dans lequel deux tranches de la population de rencontrent, se percutent et vivent ensemble des mêmes envies.
Scandale à sa sortie, pour avoir filmé une sexualité débridée de la jeunesse Hongkongaise et un climat politique compliqué, « Nomad » n'en demeure pas moins un film touchant, provoquant qui ne cherche pas à enjoliver mais se nourrit de la réalité du moment pour faire exister son propos. Usant d’audace dans sa mise en scène, le réalisateur signe une photographie réaliste de son époque et assume totalement ses inspirations occidentales.
Et pour compléter son œuvre, il s’entoure de ce qui se fait de mieux chez les acteurs Hongkongais du moment Cécilia Yip, que l’on a pu découvrir dans le très remarquable « Center stage » (1991) de Stanley Kwan, et qui signait avec « Nomad » sa première prestation. L’actrice impose son magnétisme et sa présence. Pat Ha qui brillera plus tard dans « Qiu Jin La guerrière » (2011) de Herman Yau, et qui, vient ici proposer une prestation remarquée dans une un personnage toute en nuances. Kent Tong, qui, ici également fait ses premiers pas, dans une prestation, certes inégales, mais déjà remarquable et que l’on retrouvera en 2007dans « Brothers » sous la direction de Derek Chiu. Et puis il y a LA star : Leslie Cheung, qui porte déjà le film sur ses épaules et signe une prestation minutieuse où la tristesse et la nostalgie se mêlent à une force insoupçonnée. L’acteur signe ici également sa prestation mais brillera à l’international avec « Le Syndicat du Crime » de John Woo en 1986 et puis surtout « Adieu ma Concubine » (1993) de Chen Keige.