Lors de l'exécution de son dernier contrat, un tueur à gage provoque la cécité d'une jeune chanteuse. Pour trouver l'argent nécessaire à l'opération de la jeune femme, il accepte un nouveau contrat.
Voilà un film qui avait tout pour plaire. D’abord le remake d’un film Hong-Kongais de 1989, par son propre réalisateur : John Woo (Volte-Face). Ce qui en fait la deuxième bonne nouvelle, puisque le réalisateur, qui n’a jamais cessé de tourner, s’était un peu discret ces dernières années. Et puis, le casting était alléchant : Nathalie Emmanuel, dont la carrière semble bien partie puisqu’après « Game of Thrones » et des productions sans grand intérêt, on l’a vu au générique du dernier Coppola : « Mégalopolis » et être annoncée au casting du prochain « Fast and Furious », et Omar Sy que l’on ne présente plus et qui pourrait voir dans cette production une véritable rampe de lancement pour sa carrière américaine.
Mais voilà, là, c’était les intentions et les espoirs suscités ! Car le résultat est très loin de ce que nous pouvions attendre d’un tel réalisateur. La mise en scène est souvent chaotique, car, même, si John Woo nous offre des combats et des scènes souvent remarquablement chorégraphiées, un grand nombre, notamment celles avec son actrice principale tombent la plupart du temps complètement à plat, soit par un montage trop lent ou une chorégraphie mal tenue qui marque des pauses. Parfois à trop vouloir styliser son film, le réalisateur en oublie le rythme et nous offre une bien pâle copie d’un film qui avait fait sa réputation à la fin des années 80. Est-ce Paris, qui abrite la plupart des scènes en extérieur, qui est la source de cette frilosité, mais « The Killer » semble possédé par une léthargie qui finit par s’emparer des spectateurs qui se demandent encore comment il a pu se retrouver dans cette galère et ce qui s’est passé pour que le réalisateur de « Volte-Face » (1997) ou « Le Syndicat du Crime » (1986) soit aussi éloigné de l’énergie qui était sa signature.
Pourtant on y retrouve bien des éléments communs à l’œuvre du réalisateur comme la scène dans la chapelle, les colombes qui s’envolent et les personnages qui se parlent sans se regarder. On y retrouve cette façon de glisser en rattrapant son arme, ou l’utilisation des sabres. Mais le tempo sembla avoir déserté le film. Sans parler des scènes ratées comme celles dans le commissariat, ou encore les apparitions de certains acteurs français à la carrière solide aux Etats-Unis comme Tcheky Karyo (L’Ours) ou Saïd Taghmaoui (John Wick). Etonnamment les apparitions de ces acteurs sont aussi insipides que le scénario ne leur offre pas grand-chose à dire ou à faire de franchement intéressant.
Et puis, bien sûr, il y a les trois acteurs Nathalie Emmanuel, Sam Worthington (Avatar) et Omar Sy. Ce qui ressort de leurs prestations, c’est que le casting international n’a pas dû être une chose facile à maitriser pour le réalisateur, car aucun des acteurs ne parvient à tirer son épingle du jeu. Tout le monde semble prisonnier de sa nationalité. Car aucun d’eux n’arrive à trouver la bonne tonalité. Nathalie Emmanuel ne parvient jamais à incarner avec puissance son personnage de tueuse, Sam Wothington qui cherche à exister en dehors d’« Avatar », se voit confier un rôle sans grand intérêt et reste beaucoup trop en retrait dans un personnage qui devrait être plus nébuleux qu’il n’y parait. Quant à Omar Sy, son jeu Franco-Anglais l’empêche de donner de la nuance à son personnage de policier, faussement manipulé. L’acteur n’arrive jamais à trouver la bonne tonalité et nous surprend par cette dérive constante pendant tout le film.