Un peu plus d’un siècle après la version muette d’un des tout premiers films d’horreur, Nosferatu est réadapté par Robert Eggers pour le cinéma. Faire un remake d’un classique du 7e art est toujours risqué, cette édition Ultra-HD & HDR qui présente la version cinéma et une version longue est l’occasion de faire le point sur Nosferatu version 2024.
Résumé
Dans l’Allemagne du début du XIXe siècle. Ellen est en proie à des visions dans son sommeil et des crises de somnambulisme. Son mari Thomas Hutter est envoyé à la rencontre du comte Orlok, un vampire, qui cherche à conquérir le monde et Ellen en particulier.
Critique
Nosferatu est un classique allemand de 1922 de Friedrich Wilhelm Murnau. C’est une adaptation non autorisée du Dracula de Bram Stoker. Pour contourner l’absence de droits d’adaptation, Friedrich Wilhelm Murnau changea le nom des personnages et quelques éléments de l’histoire, ce qui n’évita pas le procès.
Avant d’analyser la version de Robert Eggers, il faut savoir que c’est le second remake de Nosferatu. On l’a peut-être oublié, mais Isabelle Adjani a joué dans une précédente version allemande sortie en 1979.
Cette version américaine réussit à garder l’esprit de l’œuvre originale. De plus, pour un film américain, elle ose à la fois dans l’horreur (c’est assez classique), mais aussi dans le sexuel (ça l’est moins).
Le projet de Nosferatu (2024) a mis 9 ans à se faire et Robert Eggers est loin d’avoir fait dans la simplicité. Un grand travail a été fait sur les couleurs (souvent froide), les éclairages et la composition des images. On retrouve dans les décors et les cadrages quelques plans du film original. On garde un peu l’expressionnisme allemand. La mise en scène est plus moderne, mais respect l’œuvre originale : peu de grues, travelling et pas de plan drone.
Il y a aussi une intensité sexuelle terrible dans ce film (qui tranche avec la version 1922) : quelques organes et des relations contre nature. C’est assez inédit pour le cinéma US qui tombe de plus en plus dans la pudibonderie.
Le film prend le temps de bien poser les scènes et les dialogues. Ça fait presque du bien de regarder un film qui laisse le temps de contempler et profiter de l’histoire au lieu de présenter une histoire trop dense en trop peu de temps.
Un casting intéressant avec Lily-Rose Depp dans un rôle difficile qui nécessita beaucoup de travail. Elle n’a pas des masses de textes, mais doit jouer la possession dans des scènes plutôt intenses. On note aussi l’apparition de Willem Dafoe en Pr Albin Eberhart Von Franz
(l’équivalent de Abraham Van Helsing dans Dracula) qui lui va comme un gant.
Version longue
Le film est présenté dans sa version cinéma (VO et VF) et en version longue (VO uniquement). Attention, c’est une version légèrement rallongée. Quelques plans plus longs. Il n’y a pas vraiment de scènes supplémentaires et, finalement, peu d’intérêt dans cette version alternative. Une projection test d’environ 3 heures avait été faite, la version longue du disque n’est pas cette version. On trouvera quelques scènes coupées dans les bonus.
Verdict
Un film difficile et exigeant, mais captivant. Une belle réussite, car le projet était risqué.
Une image aux tons froids. Le format Ultra HD et HDR permet surtout d’offrir beaucoup de contrastes dans les scènes sombres (et elles sont nombreuses). L’image est douce, le film n’est pas propice à présenter des scènes à la résolution délirante.
Un bon son surround 7.1 aussi bien en VF qu’en VO. le film présente essentiellement des ambiances et des scènes de surprise. La bande-son en Dolby Atmos offre un léger plus, mais, comme l’image, la bande-son n’est pas souvent propice aux objets sonores.
Menus animés et sonorisés.
Une bonne dose de bonus avec making of promotionnel, mais aussi des scènes coupées, deux versions du film et un commentaire du réalisateur.