Ingrid et Martha, amies de longue date, ont débuté leur carrière au sein du même magazine. Lorsqu’Ingrid devient romancière à succès et Martha, reporter de guerre, leurs chemins se séparent. Mais des années plus tard, leurs routes se recroisent dans des circonstances troublantes…
Depuis le début de sa carrière, le réalisateur Pedro Almodovar (La Mauvaise Education) a su s’entourer d’actrices remarquables qui ont nourris son écriture et sa mise en scène. Que ce soit Penelope Cruz qui tourna six fims avec lui dont l’excellent « Volver » en 2006, Victoria Abril et ses 5 collaboration au compteur dont « Talons Aiguilles » en 1992 ou encore Rossy De Palma qui détient le record de long métrage avec Pedro Almodovar, puisqu’elle tourna, pas moins, de 8 films avec lui. Le réalisateur s’inspire de ses actrices et leur apporte des rôles d’une grande profondeur qui parviennent à tirer le meilleur d’elles et les poussent à se dépasser.
Almodovar, c’est aussi quelqu’un qui sait déconstruire ses personnages, pour mieux les reconstruire ensuite dans une folie des sentiments, qui ne trouve écho qu’en l’intrigue ciselée avec finesse, mais aussi avec folie, comme si les deux étaient indissociables. Pourtant avec « La Chambre d’à côté », le réalisateur se fait plus sombre, en abordant un sujet dont on comprend qu’il agit comme une réflexion sur ce qui se passe après et s’il y a une vie autre, différente, meilleure. Pour cela Almodovar a signé un scénario qui est une adaptation du roman de Sigrid Nunez : « Quel est ton tourment ? ». Il en tire une intrigue, simple en apparence dans laquelle deux femmes, amies d’enfance vont se retrouver face au dilemme du choix de l’une d’elle, atteinte d’un cancer incurable, de prendre sa mort en main, en choisissant le moment et le lieu de son ultime départ.
Le réalisateur qui signe, ici, son premier film en langue anglaise, va alors s’appuyer sur le talent de ses deux actrices principales : Tilda Swinton (We Need to talk about Kevin) et Julianne Moore (Magnolia). Les deux comédiennes ont nourri son écriture et sa mise en scène, avec une interrogation, incroyablement d’actualité sur le droit à la dignité dans la fin de vie et la possibilité de choisir le moment de partir lorsque la douleur est trop insupportable ou avant que celle-ci ne le devienne. Et le duo rivalise de précision, de tendresse, de moments d’interrogation qui viennent interroger le public sur cette question et la façon dont nous nous comporterions de chaque côté de la barrière. Le réalisateur a choisi une mise en scène toute en douceur pour laisser ses actrices prendre l’espace et les laisser libre de leurs émotions.
Cela donne un film touchant et intelligemment mené par un réalisateur qui, s’offre enfin son film Américains, mais n’en garde que la langue pour toujours distiller son amour des actrices et cette façon si personnelle de les magnifié dans une histoire forcément bouleversante et puissante dans sa réflexion. Les personnages sont chacune à la dérive et se nourrissent de leur passé pour mieux affronter l’ultime. Almodovar va à contre-courant de la régression populiste que vit notre société pour mieux aborder le véritable sujet de cette réflexion que nous devrions tous avoir : Le droit de mourir dans la dignité au lieu de s’accrocher aux croyances intolérables d’une bande d’imbéciles ignorants qui s’octroient le droit de choisir pour chacun.