Ramona, une femme rongée par le chagrin qui a survécu à l'accident de voiture qui a été fatal à son mari, doit s'occuper de son fils et de sa fille, seule dans leur propriété rurale. Un jour, une femme prend forme dans leur jardin. Ramona pense que cette femme erre et a perdu la raison, mais alors que la femme rôde de plus en plus près de la maison, il devient évident qu'elle n'est pas une personne ordinaire et que ses intentions sont loin d'être bienveillantes.
Nous savons à quel point les films produit par Jason Blum, ont la particularité d'être réalisé avec peu de moyens, ce qui permet aux réalisateurs de pouvoir puiser un peu plus dans leur force créative. Une méthode qui a fait ses preuves, comme on l'a vu avec des artistes tels que Jordan Peele ou encore M. Night Shyamalan. Cette fois-ci c'est au réalisateur de « Black Adam » et « Jungle Cruise », Jaume Collet-Serra de s'essayer à l'exercice et de réaliser un film d'horreur avec « The Woman in The yard ».
Comme souvent maintenant dans ce type de film nous suivons les aventures d'une famille dysfonctionnel, notamment, qui tente de se reconstruire après un accident qui a coûté la vie au père et a blessé durablement la mère que ce soit psychologiquement ou physiquement. Et alors que cette dernière, avec son fils aîné et sa fille, tente de surmonter ce drame, une femme tout en noir apparaît dans leur jardin. Nous sommes, là, au tout début d'une intrigue qui va servir de métaphore à la manière dont on se reconstruit après un tel évènement, dont on peut éventuellement se sentir coupable et détruit. En se basant sur le premier scénario de Samuel Stefanak, le réalisateur Jaume Collet-Serra, va alors construire un film où tout se passe à la fois dans les silences, dans la position des corps et particulièrement celui de cette dame en noir aussi effrayante qu'intrigante. Car elle ne bouge que très peu et cela suffit à créer le malaise, car le réalisateur a eu la bonne idée de la tenir toujours à distance, du moins durant les trois quarts du film et de se focaliser sur son personnage principal et les différents changements que la présence de cette dame va apporter dans son esprit et dans sa relation avec ses enfants. Avec une maîtrise évidente le réalisateur va également utiliser une vieille méthode remise à jour avec le « Dracula » de Francis fort Coppola, qui consiste à utiliser les ombres, en décalage de l'action pour pouvoir créer une tension supplémentaire lors d’une action précise. Ici le réalisateur maintient une véritable pression sur le spectateur qu'il ne relâchera qu'à la toute fin du film. Chaque élément de la narration permet à chaque fois de gravir un échelon sur ce qu’est réellement cette dame en noir et sur ses sombres desseins.
L'actrice Danielle Deadwyler (Emmett Till), offre une composition remarquable tout en maîtrise et tout en nuances qui permet de la voir passer d'un état psychologique faible, suite à l’accident, à une folie dévastatrice dont on ne perçoit pas forcément toutes les facettes et c'est bien ce qui est le plus intéressant dans son jeu. L'actrice est captée par la caméra quasiment en majorité en gros plan sur son visage ce qui lui permet de pouvoir montrer toutes l’étendue de son talent, l'incroyable palette de sentiments et la manière dont elle maîtrise chacun d'eux. Face à elle, le jeune comédien Peyton Jackson (The Résident) ne se laisse pas impressionner et parvient également à apporter son lot de nuances dans un personnage de fils qui est à la fois complexe de par son âge et de par sa volonté de pouvoir sortir sa mère de la catatonie dans laquelle elle s'est enfermée depuis l'accident. L'arrivée de la dame en noir va créer des tensions mais surtout réveiller les peurs et les angoisses de ces enfants face à une mère qui commence à perdre son propre contrôle.
En conclusion je dirais que « The Woman in The yard » est un film d’angoisse redoutablement efficace et parfaitement maîtrisé par son réalisateur et sa distribution qui parvient à donner une nouvelle dimension au film de genre. Ici, nous nous intéressons surtout à la psychologie des personnages tout en créant une sorte d'analogie avec le personnage source de l'angoisse.