Simone, une flic aux idées conservatrices, est infiltrée dans un collectif féministe qu'elle suspecte de complicité de meurtre. A leur contact, Simone s’ouvre progressivement à leurs idées. Mais lorsqu’elle est soupçonnée par le groupe d'être une taupe, elle se sert du premier venu pour se couvrir : Paul, un homme doux, inoffensif et respectueux des femmes qui vit dans l’ombre de sa moitié, faisant de lui, malgré elle, un coupable innocent. Simone, catastrophée de ce qu’elle a fait, tente de réparer sa faute... Comment Paul va-t-il réagir ?
Le réalisateur Michel Leclerc est un habitué des sujets sociétaux qu’il traite, souvent, avec intelligence. Ceux qui ont vu l’excellent « Le Goût et les Couleurs » en 2022, ont encore en mémoire cette facilité à passer de la comédie à l’émotion avec une certaine subtilité qui forçait déjà le respect. Avec « Le Mélange des Genres », le réalisateur s’attaque à la Masculinité et au féminisme après le raz de marée du #MeToo et la prise de conscience de ce que peuvent vivre les femmes à une époque qui ne semble toujours pas leur offrir la sécurité et la tranquillité auxquelles elles peuvent, légitimement accéder. Un sujet, compliqué tant il suscite des passions, alors que de l’autre côté de l’Atlantique, le gouvernement prône, au contraire une société rétrograde et patriarcale avec ce que cela engendre de négativité. En France, ce débat d’idée commence à prendre la même direction et cela peut, logiquement inquiéter.
Alors, « Le Mélange des Genres » est évidemment une comédie, qui pourrait logiquement marcher sur des œufs et prendre le risque de s’attirer les foudres des deux camps. Mais voilà, ce serait sans compter sur l’intelligence d’écriture et de mise en scène de Michel Leclerc et de sa co-scénariste Baya Kasmi (Mikado) qui ont prit le sujet à bras le corps et ont cherché, avant tout, à répondre aux questions de deux camps en créant des situations parfois poussées comme le personnage de Paul, magnifiquement joué par un Benjamin Lavernhe (En Fanfare) particulièrement précis et inspiré, qui est une sorte de métaphore de l’homme moderne, tel que les masculinistes le conspuent : Tendre, Doux, et respectueux des femmes. Ici, les rôles sont inversés : Paul est un acteur qui cherche du travail et devient Homme au foyer, pendant que sa femme est une actrice connue. Et pour mieux nous emmener dans une réflexion intéressante, les deux auteurs vont également parler d’une association féministe, infiltrée par une policière qui cherche à savoir si ses membres sont impliqués dans un meurtre et qui va découvrir une autre manière de se battre et des histoires terrifiantes de femmes maltraitées par leurs maris ou un homme de la famille.
Jamais lourd, le scénario, comme la mise en scène garde une certaine légèreté, grâce à des personnages poussés à l’extrême pour mieux imprégner le spectateur e tout en riant, mettre en lumière les failles d’une société qui ne parvient pas à prendre, comme il le devrait, ce sujet. On y voit les policiers pas suffisamment formées à la prise de plaintes de ce type d’affaires, les féministes qui, avant tout, veulent que la voix des femmes, la leurs, soient entendues et qui peuvent se laisser emporter par la passion de ce combat, les femmes en général qui, regardent cela de loin, peut-être avec un regard dubitatif, mais qui se prennent la réalité en pleine face et puis, bien sûr, cette homme accusé d’un viol qu’il n’a pas connu et veut juste comprendre pourquoi il se retrouve dans cette situation.
« Le mélange des Genres » n’est pas un film lourd, loin de là, il sait aussi être drôle et garder un rythme et une subtilité dans le propos, grâce à des personnage parfaitement ciselé pour ne pas être dans la caricature et que leurs apparitions soient également le sujet de la réflexion. Autour de Benjamin Lavernhe, on retrouve également deux actrices touchantes et toujours aussi précise : Léa Drucker (Jusqu’à la Garde) et Judith Chemla (Les Goûts et les Couleurs) et puis un peut coup de cœur pour Melha Bedia (Miskina La Pauvre) dans un rôle beaucoup plus subtil qu’il n’y parait et qui nous touche au cœur.