Pitch
Une nuit d’orage, la voiture de Janet et Brad, un couple coincé qui vient de se fiancer, tombe en panne et décide de chercher de l’aide. Obligés de se réfugier dans un château sinistre et mystérieux, ils vont faire la rencontre de ses occupants pour le moins bizarres, qui préparent une soirée qui est sur le point de commencer et se livrent à de bien étranges expériences…
Critique
Le film est une parodie des films d’épouvante et de science-fiction des années 1930-1950, avec des scènes cultes comme Riff-Raff à la fenêtre, Meatloaf se faisant tuer par Frank-N-Furter, ou Susan Sarandon revendiquant son envie d’être une « salope ». La mise en scène alterne les zooms improbables, les effets spéciaux volontairement kitsch. Et pourtant, les scènes ont plusieurs sens, comme la scène du repas, qui rappelle la structure d’une tragédie grecque.
Évidemment, on le sait dès la jaquette du disque, « The Rocky Horror Picture Show » est une ode à la libération sexuelle, au rock’n’roll, et à la décadence assumée. Il incarne l’esprit libéré des années 1970 et à la contre-culture face aux normes puritaines dont Brad et Janet incarnent les symboles de l’Amérique conservatrice.
La bande originale est un mélange de mélodies entraînantes et de textes parfois profonds et souvent drôles dès le générique d’ouverture sur cette bouche rouge vif au son de « Science Fiction/Double Feature » qui sera repris de manière mélancolique en fin de film. Le film reste avant tout une comédie musicale où les numéros s’enchaînent, même si les chansons remplacent une bonne partie du scénario, surtout dans la seconde partie du film.
Malgré cela, l’ambiance rock’n’roll et les chorégraphies en font une expérience unique avec de nombreuses références (cinéma de Godard ou de Kubrick, les films de SF ou d’horreur comme Frankenstein) donne un résultat jouissif à voir et qui ne tombe pas dans l’indigeste.
Frank-N-Furter interprété par Tim Curry est un extra-terrestre-transsexuel qui marque par ses postures, sa gestuelle exacerbée, ses regards, sa voix… Il passe en une scène de l’hilarant à l’effrayant puis au tragique. Les personnages secondaires sont aussi devenus cultes : Richard O’Brien (Riff-Raff), Patricia Quinn (Magenta), Susan Sarandon (Janet), etc.
Malgré un accueil plus que mitigé à sa sortie, le film est devenu un symbole au fur et à mesure de ses projections en seconde partie de soirée de la contre-culture, célébré pour son audace, son humour et son absence de prise au sérieux.
The Rocky Horror Picture Show est devenu bien plus qu’un film : projetée durant des décennies (c’est un record) dans un même cinéma, chaque séance est devenue une expérience collective. Les séances interactives, où le public participe en chantant, en dansant ou en ajoutant des dialogues. L’action passe de l’écran à la salle et vice versa.
Verdict
À la fois un hommage aux séries B, une satire sociale, et une célébration de la liberté. On pardonne un certain côté « bordélique » et un scénario famélique pour profiter d’une énergie juvénile et d’une liberté de ton rafraîchissante.