La rivalité de deux enfants, dans la mer, en Grèce, qui se poursuit lorsqu'ils sont adultes. Lequel des deux plongera le plus loin et le plus profond ? Leurs amours, leurs amitiés, avec les humains et avec les dauphins, à la poursuite d'un rêve inaccessible.
Les rapports entre Luc Besson et la presse n’ont jamais été tendre, ou, en tout cas ont toujours été complexes, entre amour et haine, constamment sur le fil du rasoir. « Le Grand Bleu » sorti en 1988, en est le plus bel exemple. Présenté à Cannes, le long-métrage est sifflé, hué, descendu dans la presse par des critiques qui ne comprennent pas qu’ils viennent de vivre un évènement sans précédent dans l’histoire du cinéma hexagonal. L’histoire d’amitié compétitive et d’amour sur fond d’océan et de communication avec les dauphins, séduira le public, n’en déplaise à la presse qui, avec le temps et après plus de 9 Millions de spectateurs, révisera son jugement, et saluera le talent de Besson dans ses futures productions. Mais l’idylle ne durera qu’un temps, et nous le voyons bien, Besson, qui a vu grand, est tombé de son piédestal et tente film après film de retrouver les faveurs du public, mais les ennuis financiers et judiciaires font de ce retour un parcours du combattant, malgré les qualités de ses derniers films (Même s’ils ne sont pas parfaits).
Mais « Le Grand Bleu » c’est une rencontre entre Besson qui s’était déjà fait un nom avec le très remarqué « Subway » sorti trois ans plus tôt. Ici, le réalisateur nous emmène dans sa passion, la plongée et fait naitre un duo d’acteurs : Jean-Marc Barre (In The Flesh) qui prendra un chemin radicalement différent par la suite, et Jean Reno (Léon) qui suivra le réalisateur dans bon nombre de ses films puis se forgera une carrière à l’international, pour le meilleur comme pour le pire. Le duo fonctionne à merveille avec un Jean-Marc Barre tout en simplicité, en économie de mots, mais où l’utilisation du regard de la posture est bien plus importante que n’importe quelle ligne de dialogue. C’est d’ailleurs une force de Luc Besson, dans « Le Grand Bleu » qui a bien compris que souvent des regards ou des gestes sont plus parlant que les mots. Rappelons-nous que son premier film « Le Dernier Combat » (1983) était sans dialogue. Le réalisateur qui a signé le scénario avec Robert Garland (Tootsie), Marilyn Goldin (Camille Claudel), Marc Perrier (Subway) et Jacques Mayol, pour l’aspect technique, trace une intrigue qui vient constamment en opposition entre le défilement des mots de Johanna, interprété avec dynamisme par Rosanna Arquette (Recherche Susan Désespérément) et les silences de Jacques, les éruptions volcaniques d’Enzo et le calme presque innocent de son ami d’enfance. C’est également une allégorie entre le monde de la Terre et celui de la mer.
Et puisque l’on parle de moments de grâce, la mise en scène de Luc Besson donne constamment le contre-poids entre des scènes parlante, bruyante, quotidienne et celle de ces hommes qui plonge dans le cœur de la mer et se connectent avec cette étendue si belle, si calme et le danger qu’elle masque. Le réalisateur utilise la métaphore du dauphin pour incarner le père perdu au fond de la mer, que le fils voudrait rejoindre pour y trouver l’apaisement. Et puis si la mise en scène de Luc Besson est inventive et le rythme parfaitement tenu que ce soit dans la version ciné comme dans la version Longue, que dire de la musique d’Éric Serra (Le Cinquième élément), qui tient là son chef d’œuvre avec une musique sui comprend chaque plan, qui en ressort toute l’essence et nous plonge les yeux fermés dans un univers bleu, accompagné de dauphin. La musique devient l’incarnation de l’océan et cette musique qui est devenue, avec le temps, indissociable de la mer, au point d’être utilisé à chaque reportage sur les animaux marins.