Remake du succès de Richard Donner de 1976, la Malédiction a attendu 30 ans pour réapparaitre, peut être pour s’assurer que les spectateurs de cette version n’auront pas vu l’original. Ce Blu-Ray proposé par la Fox et réalisé par John Moore est fidèle à la tradition des remakes américains, tout en intégrant au scénario des ingrédients de modernisation bienvenus. Plaisant pour les nouveaux cinéphiles, le film ne parvient pourtant pas à supplanter son modèle dans le cœur des amateurs de films d’horreur.
RésuméDémons émerveillent ?
Alors qu’un vent de panique secoue le Vatican, persuadé à la lecture du livre des révélations que l’apocalypse va débuter dans les prochains jours avec l’arrivée de Satan, Robert Thorn (Liev Schreiber) en poste à l’ambassade des États-Unis à Rome ainsi que son épouse (Julia Stiles) attendent un enfant qui peine à venir au monde et est finalement mort né. Approché par un prêtre, c’est à l’insu de sa femme et dans le plus grand secret que le géniteur malheureux accepte de substituer le nouveau né défunt par un orphelin. Le petit Damien grandit et 5 ans plus tard ses parents décèlent ses comportements suspects, constatant avec effroi que leur progéniture au regard glacial ne supporte pas la vue d’une croix, la proximité d’une église et autres représentation chrétiennes.
La mort violente de la nounou du bambin n’est pas pour rassurer la mère de l’enfant en proie au doute sur la nature réelle de son petit ange d’autant qu’il ne cesse de répandre la terreur autour de lui. A contrario, le père, devenu ambassadeur des Etats Unis à Londres, ne voit dans tous ces événements que des coïncidences malheureuses aux explications cartésiennes. Mais approché de nouveau par un homme d’église qui lui livre une incroyable révélation, M. Thorn réalise que son fils, né à la 6ème heure du 6ème jour du 6ème mois, est peut être un enfant hors du commun qui cache un terrible secret.
Critique Malin tenduJohn Moore a eu la tâche de réaliser une version moderne d’un thriller ésotérique culte. Un défit qui se transforme finalement en routine puisque les textes sont demeurés fidèles et ont été renforcés par une atmosphère plus pesante. Derrière un générique d’introduction extrêmement bien réalisé, le cinéaste s’est finalement livré à une copie du scénario original, introduisant quelques éléments de modernité servis par un très bon casting si l’on fait exception du tout jeune acteur Seamus Davey-Fitzpatrick qui demeure comme « absent » tout au long du film. La mise en scène de John Moore aboutit finalement à des relations entre personnages moins marquées que dans la version de 1976, gommant notamment une bonne partie de la dramatique relatant la déconstruction du cocon familial telle qu’elle était amenée avec talent par Donner.
Liev Schreiber parvient cependant à donner un souffle nouveau à ce film, interprétant un personnage au mode de vie moderne, s’efforçant de garder ses distances avec la superstition et la religion. Julia Stiles apporte quant à elle l’innocence nécessaire à susciter la sympathie et la compassion du spectateur qui assiste à sa descente aux enfers tandis que Mia Farrow apporte au film sa capacité, restée intacte depuis « Rosemary’s Baby », à faire ressentir l’épouvante parfois même sans échanger le moindre texte avec le petit Damien.
Ca tend occulte
Le cinéphile averti patiente finalement jusqu'au bout du film en espérant que l’originalité reprenne le dessus et que l’atmosphère de l'introduction soit retrouvée mais le miracle ne se produit pas, on est bien en présente d’un remake dans le plus pur style de la tradition qui ne fait que tendre vers la version culte. Les effets emprunts des clichés les plus répandus sont disséminés au risque de casser à plusieurs reprise la progression dramatique et horrifique de cette version qui, en s’appuyant sur des sujets forts (un enfant peut-il devenir démoniaque, quel est le visage de l’apocalypse) et un scénario à la Da Vinci Code, aurait pu donner naissance à un véritable chef d’œuvre de créativité et de prise d’initiative.
Le résultat n’est pas médiocre, loin s’en faut, mais simplement décevant par trop de timidité artistique lorsque l’on connait le film de 1976. Pour les autres spectateurs, la modernité véhiculée par les acteurs de ce casting bien dosé ainsi que par les éléments dramatiques d’une actualité très récente, permet d’entrevoir un film d’horreur digne d’une bonne soirée « frayeur » le dimanche soir entre amis.
Conclusion
Malédiction 666 s’appuie trop sur son modèle et supporte mal la comparaison avec l’original sans toutefois sombrer dans l’échec. Le film, simpliste, est un tantinet desservi par le choix maladroit du personnage de Damien que l’on devine adorable comme tout à la ville. La qualité de la photographie et l’emprunt généreux du scénario originel permettent toutefois de passer un bon moment d’horreur en haute définition, même si réaliser un remake d’un classique du genre est une tâche qui eut mérité d’avantage d’inspiration, sans chercher à surligner simplement l’original. Le fait est que le réalisateur n’a bénéficié que d’un délai de 10 mois pour mener cette tâche à échéance. Cet empressement se ressent dans ce film papier calque, aux contours imprécis mais relevé par des acteurs de talent et quelques ingrédients très bien vus de mise au goût du jour.