Film culte de David Cronenberg, la Mouche revient cette fois-ci dans une édition Blu-Ray flambant neuve. Bénéficiant d’un master HD et d’une partie sonore en DTS HD Master Audio, ainsi que l’intégralité des bonus présents sur l’édition spéciale « 20ème anniversaire », redécouvrons avec plaisir l’un des films les plus captivants du réalisateur Canadien.
Synopsis
La Mouche : BRUNDLE, un scientifique reclus dans son laboratoire, présente à une journaliste son invention qui va révolutionner le Monde : la téléportation. Un objet est désintégré dans une cabine et est recomposé dans une autre. Seul petit hic, cela ne marche pas sur un être vivant. Elle suit ses recherches, jusqu'au grand jour où il se téléporte lui-même d'une cabine à l'autre. Petit problème cependant : une mouche s'est introduite dans la cabine de départ et à l'arrivée une fusion entre les deux êtres s'est effectuée. Commence alors une effroyable mutation de BRUNDLE en BRUNDLEFLY.
Critique subjective
Remake sur la papier de la Mouche sortit en 1958, La Mouche version David Cronenberg va bien plus loin que la simple réécriture du film d’origine, qui suivait pour sa part à l’identique le scénario de la célèbre nouvelle du même non, en penchant plus du côté enquête policière. Celui-ci nous montre une vision particulièrement captivante, et du même coup visuellement violente, de la déchéance de Seth Brundle, chercheur ayant trouvé le moyen de se téléporter d’un point à un autre, une invention révolutionnaire. Alors que l’on y découvre au début un personnage littéralement passionné par ses recherches, au point d’en devenir totalement isolé du monde extérieur, se privant volontairement de toute vie sociale pour se focaliser sur l’invention qui pourrait révolutionner le monde tel que nous le connaissons, la suite est beaucoup moins positive le jour ou Brundle décide de s’essayer lui-même à sa propre téléportation, et l’accident se produit. Un volte/face physio-psychologique se produit, alors que nous connaissions un homme intelligent, censé mais aussi peu sûr de lui et naïf ( ce qui lui donnait un certain capital sympathie voir charmeur), on découvre un tout autre personnage versant dans l’abus du narcissisme, de la colère et de la violence, tout en décuplant en parallèle sa force physique et son apparence physique elle-même…
On découvre donc ici un film ou Cronenberg est au meilleur de sa forme, tant par son aspect maniaque de la mise en scène, mais aussi par quelques trouvailles aussi ironiquement subtiles que le musée des membres perdus de Brundle La Mouche, ou bien de certaines scènes marquantes qui n’ont rien perdus de leur force visuelle même 21 ans après, tel que le crachat de suc ou la scène de broyage d’une cheville...Gore, la Mouche l’est, mais ne verse pas dans la violence volontairement exagérée et totalement dépourvue de sens, ici la violence est le moteur narratif du changement de Seth Brundle à Brundle la Mouche. On peut aussi y voir un parallèle sur notre propre monde, avec des sujets tels que la vieillesse, la maladie, la dégradation physique et psychologique ou encore le rejet qui découle de ces points-là. La modification de Seth Brundle en insecte, être naturellement répulsif s’expliquant d’elle-même… mais aussi violent que le film peut être à certains égards, il se montre plus émouvant qu’autre chose, l’histoire d’amour étant le moteur principal de ce long-métrage.
Métaphoriquement, le point d’orgue de tout film de Cronenberg, à savoir l’évolution constante de l’être humain, prends ici tout son sens avec le changement de Seth en mouche, entraînant une transformation et à forciori déchéance aussi morphologique que spirituelle, mais aussi en nous montrant la vision changeante de notre entourage par rapport à ces changements. C’est là que le personnage Veronica entre en scène ; journaliste tombé amoureuse de Seth, alors qu'elle assiste impuissante à la longue dégénérescence de l’homme qu’elle aime, atteint d’une maladie incurable et finalement fatale, celle-ci le prends encore dans ses bras alors que Brundle attire l’antipathie par rapport à sa dégradation physique.
Mais ce tour de force incroyable n’aurait pas été non plus possible sans un Jeff Goldblum au meilleur de sa forme (Geena Davis étant elle aussi convaincante, celle-ci et Goldblum étant à l'époque du film réellement ensemble), qui montre ici un jeu d’acteur aussi bouleversant que viscéral, on sent vraiment qu’il est habité par le rôle et s’attache à retranscrire de par son jeu la longue descente aux enfers de Seth Brundle. Malheureusement, le film lui a donné une étiquette rôles de scientifiques par la suite, pour un acteur qui aurait mérité largement mieux face à tant de talent.
Conclusion
Plus de 20 ans après, La Mouche se montre toujours aussi percutant qu’à sa sortie en 1986. Visuellement et narrativement émouvant, Cronenberg à réalisé ici un véritable film de maître, et du même coup révèle un Jeff Goldblum absolument sensationnel. Un film à voir et à revoir sans fin, un film comme nous n’en voyons malheureusement plus de nos jours.