Critique technique de José Evrard et Subjective de Sébastien Keromen
Synopsis
«Curieux destin que le mien...» Ainsi commence L'Etrange Histoire de Benjamin Button, adapté d'une nouvelle des années 20 de F. Scott Fitzgerald sur un homme qui naquit à quatre-vingts ans et vécut sa vie à l'envers. De sa naissance à la Nouvelle Orléans en 1918, en passant par le grand large, à travers le bombardement de Pearl Harbor et jusqu'à son retour chez lui - le voyage de Benjamin est aussi extraordinaire que la vie de tout un chacun peut être commune. Réalisé par David Fincher (Zodiac, Fight Club) et interprété par Brad Pitt et Cate Blanchett qui jouent Benjamin et Daisy, ces deux âmes soeurs qui se rencontrent à la croisée des âges, L'Etrange Histoire de Benjamin Button est une aventure épique à travers les époques, au coeur des joies de la vie, de la tristesse de la mort et de l'amour qui subsiste à l'épreuve du temps.
Un film de David Fincher est toujours un événement. Surtout quand il a une histoire si originale, et une réputation outre-Atlantique de chef d’œuvre et de favori des Oscars. C’est dire la désillusion.L’Étrange histoire de Benjamin ButtonTitre original : The Curious case of Benjamin ButtonUSA, 2
Le contexte
"Curieux destin que le mien…"
Ainsi commence l'étonnante histoire de Benjamin Button, cet homme qui naquit à 80 ans et vécut sa vie à l'envers, aussi impuissant que nous à arrêter le cours du temps. Situé à La Nouvelle Orléans et adapté d'une nouvelle de F. Scott Fitzgerald, le film suit ses tribulations de 1918 à nos jours.
THE CURIOUS CASE OF BENJAMIN BUTTON de David Fincher est interprétépar Brad Pitt et Cate Blanchett, avec Taraji P. Henson, Tilda Swinton, Jason Flemyng, EliasKoteas et Julia Ormond.Ce film est l'histoire d'un homme hors du commun, de ses rencontres et de ses découvertes, de ses amours, des joies et des drames qu'il connaîtra, et de ce qui survit à l'emprise du temps.
NOTES DE PRODUCTION
L'ÉTRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON fut d'abord une nouvelle, écrite dans les années 1920 par F. Scott Fitzgerald, qui en avait trouvé l'inspiration dans cette pensée de Mark Twain : "La vie serait bien plus heureuse si nous naissions à 80 ans et nous approchions graduellement de nos 18 ans."La nouvelle de Fitzgerald étant une pure fantaisie, son adaptation à l'écran sembla longtemps relever du fantasme. Le projet, jugé trop ambitieux, resta dans les limbes pendant une bonne quarantaine d'années jusqu'à ce que les producteurs Kathleen Kennedy et Frank Marshall s'en emparent. Pendant plus de dix ans, BENJAMIN BUTTON passionna également le scénariste Eric Roth, le réalisateur David Fincher et Brad Pitt.
Pour Roth, BENJAMIN BUTTON était l'occasion de refléter le cours entier d'une vie à travers une vaste gamme d'expériences personnelles, allant de drames planétaires, commeune guerre, à des événements aussi ordinaires qu'un simple baiser. "Eric était le scénaristeidéal pour traiter cette histoire qui fonctionne à très grande échelle en même temps qu'à une échelle très intimiste", observe Kathleen Kennedy. "Dans FOREST GUMP, il avait déjà réussi à tracer des portraits intimes très fouillés sur un arrièreplan épique."
José Evrard
La critique de Sébastien Keromen
Les bonnes idées ne font pas toujours les bons films. Enfin, bonnes idées, ici l’idée est originale mais personnellement une telle histoire ne me tentait pas plus que ça. Le film va prendre le temps de raconter cette histoire, parce que si le temps s’écoule à l’envers pour Benjamin Button, il semble aussi s’écouler très longtemps. Remplir 2h45 avec le contenu d’une nouvelle, ça nécessite d’étirer l’histoire à l’envi, et ça se voit un peu trop. En plus, le tout est raconté de façon assez plate, très académique. Quand je dis raconté d’une façon plate, ça ne veut pas dire d’une façon simple, puisque l’histoire est racontée via un journal écrit par le héros et lu par la fille de l’héroïne. Voix off et flashback en même temps, aucun procédé facile de narration ne nous est épargné.
Mais ce qui cloche surtout, c’est le rythme anémique (aidé par une musique arthritique) qui baigne le film. Des jolies images, des scènes qui n’en finissent pas, de longs dialogues assez plats, mais sans relief, sans humour, sans couleur, sans bêtise même (car parfois la vie est bête). On n’attendait pas vraiment ça de David Fincher, mais il faut se rendre à l’évidence : ça manque d’originalité et de piquant. Les personnages, s’ils ont tout le temps d’être développés dans le film et ne sont pas caricaturaux, manquent en revanche de surprise et de folie, chacun se comportant d’une façon très prévisible. Tout ça fait que l’émotion ne prend pas, et qu’on se moque un peu de ce qui va arriver (d’autant plus qu’on en a déjà une idée assez précise, et qui se révélera de plus exacte).
On aurait pu au moins avoir une réflexion intéressante sur l’âge, l’expérience, tout ça.Mais c’est encore une fois une déception, puisque la « jeunesse » du héros (quand il est vieux) le présente surtout comme un vieux, sans vraiment trouver quoi que ce soit d’intéressant ou de profond à dire sur un enfant dans un corps de vieillard. Quant à la fin de sa vie (un vieillard dans un corps d’enfant), c’est encore plus simple puisqu’il a déjà de tels troubles de mémoire qu’il ne se rappelle rien, même pas qu’il est vieux. Zéro pointé pour le contenu philosophique et la réflexion, c’est quand même bien dommage avec un tel sujet
Alors bien sûr on a une grande histoire de la naissance d’un homme à sa mort (et même après), un parcours rapide de l’Histoire et des modes sur cette période, quelques idées qui auraient pu être émouvantes si on n’était pas plongé dans un semi intérêt poli, des acteurs au top (et surtout des maquillages impressionnants), du dépaysement et tout ça. Si ça suffit pour vous à donner de la dimension à un film, celui-ci vous conviendra en racontant en plus une histoire inédite. Mais pour ma part, désintéressé des personnages et de l’histoire, la seule raison pour laquelle je n’ai pas regardé ma montre, c’est que je n’en ai pas…
A voir : pour une histoire originale et épique (au sens où elle s’étend sur 80 ans)
Le score presque objectif : 6/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -1, certains parlent de chef d’œuvre, allez donc les voir pour vous motiver à aller voir le film, c’est pas moi qui vais le faire
Sébastien Keromen