Synopsis
En 1919, Mathilde a 19 ans. Deux ans plus tôt, son fiancé Manech est parti sur le front de la Somme. Comme des millions d'autres, il est "mort au champ d'honneur". C'est écrit noir sur blanc sur l'avis officiel. Pourtant, Mathilde refuse d'admettre cette évidence. Si Manech était mort, elle le saurait !
Elle se raccroche à son intuition comme au dernier fil ténu qui la relierait encore à son amant. Un ancien sergent a beau lui raconter que Manech est mort sur le no man's land d'une tranchée nommée Bingo Crépuscule, en compagnie de quatre autres condamnés à mort pour mutilation volontaire ; rien n'y fait. Mathilde refuse de lâcher le fil. Elle s'y cramponne avec la foi du charbonnier et se lance dans une véritable contre-enquête.
De faux espoirs en incertitudes, elle va démêler peu à peu la vérité sur le sort de Manech et de ses quatre camarades.
Critique artistique
D’un côté il y a la douce Mathilde à la démarche claudicante, de l’autre il y a Manech, un esprit candide enfermé dans le corps d’un soldat. Entre deux, il y a l’Amour et il y a surtout l’incertitude de la mort du jeune homme. Le doute cloisonne Mathilde, interprétée par Audrey Tautou, la fait souffrir mais lui donne la force de garder espoir. L’espoir, voilà sur quoi se repose le scénario de Jean-Pierre Jeunet. Parce qu’elle est persuadée qu’il est en vie, elle va se battre pour rassembler les preuves lui permettant de le confirmer quitte à se mettre du monde à dos ou à effectuer des actions peu éthiques. L’Amour n’a de toute façon aucune limite. Des bribes de souvenirs éparpillées, des preuves rassemblées, c’est une véritable reconstitution historique des faits que Jean-Pierre Jeunet nous conte, prenant le soin de ne pas tout révéler de manière hâtive et de laisser le plus d’indices possibles en suspend.
Le fabuleux destin de Bingo Crépuscule
Bingo Crépuscule. Derrière ce nom loufoque, propre à l’univers de Jean-Pierre Jeunet, se cache une tranchée où de nombreux personnages vont se croiser, se rencontrer, créer des petites histoires, au grand bonheur de Mathilde souhaitant mettre le doigt sur la vérité. Les personnages sont, comme dans tous les Jean-Pierre Jeunet, l’une des principales forces du film. André Dussolier, Tchéky Karyo, Jean-Paul Rouve, Clovis Cornillac, Albert Dupontel, Jean-Claude Dreyfus ou encore Marion Cotillard, tous se livrent à un jeu rempli de générosité et d’émotion, donnant énormément de corps au métrage. Derrière cette ribambelle de talents, celui de Gaspard Ulliel émerge, par sa douceur, sa fragilité et sa beauté troublante.
Conclusion
Une vraie ode à l’espoir comme Jean-Pierre Jeunet sait bien le faire. Armé de son cirque de gens doués, il nous mène vers le chemin du plaisir mélancolique.