Pendant quatre ans le producteur et réalisateur Jacques Perrin a parcouru la planète entière pour suivre le vol d’une trentaine d’espèces d’oiseaux migrateurs : Grues, Oies, Cygnes, Canards et Cigognes…et découvrir leurs escales saisonnières. Avec ce conte réel, il voulu montrer la précarité de leur vie et leur inaltérable beauté.
On a bien sur déjà tout dit et tout écrit sur « Le peuple migrateur » : La beauté de ses images, la qualité de sa narration, la force de son discours, et surtout les conséquences inattendues de son succès en salle, notamment l’émergence d’une multitude de documentaires animaliers sur grand écran, avec plus ou moins de réussite.
« Le peuple Migrateur », a cela de particulier, qu’il ne fait pas simplement raconter une histoire de canards volant dans le ciel du Loir et Cher, au-delà de la prouesse technique, il permet au spectateur de voler au cœur de ces migrants permanents, qui ne cessent de lutter pour leur survie, contre les prédateurs naturels, amis aussi contre l’humain et ses dérives permanentes. Jacques Perrin (Le Crabe Tambour), Jacques Cluzaud (Océans) et Michel Débats (La 7ème cible) n’ont pas réalisé un simple documentaire animalier, ils ont été beaucoup plus loin que cela, en essayant, autant que faire se peut, de se prendre le plus possible pour l’un de ces volatiles voyageurs.
Mais ce qui surprend dans « Le peuple Migrateur » et émeut le plus, réside évidemment dans l’intelligence bienvenue de son scénario, notamment dans le fait de ne pas hésiter à montrer l’impact de notre domination sur ces créatures luttant perpétuellement pour leur survie. La scène du canard pris au piège dans une usine d’hydrocarbures est d’ailleurs particulièrement parlante. Les réalisateurs osent le choc des images pour faire le contre balancier de la beauté des instants. Car cette visite du monde dans le regard des migrateurs, aussi superbe soit elle, ne doit pas masquer l’insupportable évidence, que l’homme est le pire prédateur de l’espèce animale et que nous devons absolument maitriser notre expansion par un respect inévitable de ce qui nous entoure. Il semble d’ailleurs que le message ( 9 ans après !) soit en phase d’être entendu, mais la route est tellement longue.
Et il y a véritablement de la superbe dans les plans du « Peuple Migrateur », avec des perspectives hors du commun, des plongées incroyables, des mises en situations à couper le souffle qui ont fait, depuis, référence dans l’histoire du cinéma animalier. L’équipe de tournage a pris des risques insensés pour obtenir des images saisissantes et le montage leur rend hommage, avec un rythme juste et une dynamique toute en beauté et en voluptuosité.
En conclusion, « Le peuple migrateur » est un documentaire animalier de référence à découvrir ou à redécouvrir d’urgence tant pour sa qualité scénaristique que pour la beauté de ses images.