Depuis qu’elle s’est séparée de Nigel, Léna traverse la vie comme elle peut avec ses deux enfants. Elle triomphe avec vaillance des obstacles semés sur leur route. Mais il lui reste à affronter le pire : L’implacable bonté de sa famille qui a décidé de faire son bonheur.
Voilà un film que l’on aurait bien vu aux Césars, notamment par son côté très académique, avec ce que cela comporte de silence, de prise de risque, de plans soignés et méticuleux. « Non, ma fille tu n’iras pas danser » raconte surtout l’histoire d’une jeune femme instable à l’excès, qui semble toujours vouloir s’opposer à la bonté des siens et ne jamais s’arrêter un instant par peur de se laisser porter. Léna se perd petit à petit dans ses oppositions et ne parvient plus à en discerner le malaise.
Grand oublié des Césars, mais aussi sujet parfois mal fagoté, car si le spectateur comprend le malaise qui provoque la révolte de Léna, il ne parvient, en revanche, pas forcément à en ressentir toutes les nuances, et cela aurait même tendance à provoquer une sorte de rejet total du personnage, a qui l’on aimerait bien finalement mettre deux claques. Car il faut bien le dire, Léna est irritante à l’outrance. Jamais satisfaite, changeant d’avis toutes les deux secondes, passant de "gens qui rit" à "gens qui pleure" en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Amen », tout cela devient vite pesant et l’on éprouve forcément un besoin de lui bouger les neurones pour se soulager.
Et le scénario de Christophe Honoré, y est pour beaucoup, puisqu’il ne cesse de souffler le chaud et le froid. Un coup on pense au pire, un coup au dérisoire, un moment on rit, un autre on s’émeut, mais jamais on ne comprend totalement ce qui se passe dans l’esprit de cette jeune femme instable. Et c’est d’ailleurs ce qui semble se passer dans l’esprit du scénariste, qui semble avoir écrit deux histoires et ne pas s’être décidé entre le côté pile et le côté face de sa narration. En cela le film est intéressant, puisqu’il pose la question de l’identité de Léna, et de la perception de ses proches dans une spirale autodestructrice qu’elle ne parvient plus à maitriser.
Et la distribution d’ailleurs n’arrive pas, elle aussi, à gérer la cohabitation des personnages, à commencer par Chiara Mastroianni (Le crime est notre affaire) qui semble manquer de souffle et d’imagination, au fil des minutes, car son jeu devient beaucoup moins précis dans la deuxième partie au point que l’on ressent même une certaine lassitude poindre à certains instants. Même Marie-Christine Barrault (Cousin, Cousine) que l‘on prend plaisir à retrouver après tant d‘années d‘absence, ne parvient à se sentir complètement à l‘aise dans ce rôle de mère transpirante de bonté à l‘excès, mais qui semble tout aussi abimée par la vie que par son mariage.
En conclusion, « Non ma fille, tu n‘iras pas danser » semble se perdre dans les méandres d’une histoire à laquelle personne ne semble plus comprendre grand-chose, à commencer par son actrice principale. Est-ce un défaut de prétention ? Une légère perte d’inspiration ? Une chose est sure, après la réussite de « La belle personne », Christophe Honoré semble s’être un peu perdu dans cette histoire sombre de femme isolée dans son instabilité. C’est un peu ce que l’on ressent en visionnant ce film.